Dans un « marché du bio désormais saturé », la part des magasins bio devrait se redresser à l'horizon de 2017 « grâce à la croissance des réseaux organisés pour atteindre 36 % du marché », selon une étude Xerfi-Precepta (1) de 200 pages publiée ce jeudi 18 juillet 2013. Les magasins en réseaux occuperaient 29 % de ce marché.
La concentration des points de vente spécialisés autour d'enseignes nationales se poursuivra via l'ouverture de nouveaux points de vente ou via le recrutement et/ou rachat des points de vente existants, indique l'analyse Xerfi-Precepta. « Cette structuration du secteur renforcera la concurrence entre les magasins spécialisés, engagés dans une course aux parts de marché. Les acteurs devront aussi composer avec les offensives de la grande distribution puisque certains, à l'image de Carrefour et Auchan, ont ouvert des magasins 100 % bio », prévient l'auteur de l'étude, Isabelle Senand.
Les GSA (grandes surfaces alimentaires), dont les enseignes proposent à la fois les marques nationales mais aussi leurs marques de distributeur (avec plus de 300 références de MDD bio en moyenne par enseigne), disposaient d'une part de marché de 47,5 % dans les ventes de produits alimentaires bio en France en 2012, souligne l'analyse. « Néanmoins, la part des GSA dans les ventes de produits biologiques devrait passer sous la barre de 45 % à l'horizon de 2017 », selon les experts Xerfi-Precepta.
En effet, une fois passée la reprise économique en France « à partir de 2015 », les industriels et distributeurs multiplieront les offensives. Vers 2017, « la bataille autour du marché bio gagnera dès lors en intensité », assure l'analyse.
D'ici à 2017, « la demande en produits biologiques ne sera pas épargnée par les ajustements des ménages face aux tensions exercées sur leur pouvoir d'achat », analyse l'auteur. Le marché des produits biologiques devrait ainsi progresser « seulement 4,3 % en moyenne par an entre 2013 et 2017 », et le secteur ne retrouverait pas « les rythmes de croissance à deux chiffres des années 2006-2011 ».
En 2017, le marché des produits biologiques représentera 5 milliards d'euros, estime l'étude, soit 2,4 % des dépenses alimentaires des ménages, contre 4 milliards en 2012.
Le problème, analyse l'auteur, c'est que cette croissance artificialisée par les programmes de soutien (aides à la conversion dans le cadre de la Pac, crédit d'impôt au bio, soutien du gouvernement en faveur du bio en restauration, etc.) demeurera fragile.
Pour Xerfi-Precepta, « les enseignes auront des difficultés à conquérir et fidéliser des consommateurs de plus en plus exigeants sur la qualité et l'origine de l'offre ». D'autant plus que les « bio-addicts » continueront de se tourner massivement vers les réseaux spécialisés, dans lesquels ils auront davantage confiance, anticipe l'analyse.
« La non-standardisation des magasins appartenant aux groupements d'indépendants peut être un véritable atout aux yeux des consommateurs », croit savoir l'auteur de l'analyse. Et les circuits courts, qui sont déjà en pleine expansion malgré un recul de la part de la vente directe sur le marché des produits bio ces dernières années, auront une carte à jouer, avec une inversion de la tendance à moyen terme, prophétise l'auteur. Selon elle, « avec la crise économique ou les scandales alimentaires les exigences des consommateurs se sont accrues. Les acteurs des circuits courts profiteront donc de l'engouement pour la "proximité" et répondront à leurs attentes en matière de traçabilité et d'équité sociale. »
Les circuits courts, « soutenus par les divers programmes et plans gouvernementaux ou régionaux », représenteront 14,5 % des ventes de produits bio en 2017, selon Xerfi-Precepta.
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(1) « La distribution de produits biologiques à l'horizon de 2017 : Quels leviers de croissance dans un marché désormais saturé ? » – Auteur de l'étude : Isabelle Senand.