La FAO organisera le 24 septembre 2010 à Rome une réunion spéciale sur les tensions parcourant les marchés des céréales alimentées par l'annonce jeudi à Moscou d'une prolongation de l'embargo sur ses exportations et par les émeutes au Mozambique sur le prix du pain.
« Il ne s'agit pas d'une réunion d'urgence mais d'une réunion spéciale car il y a beaucoup d'instabilité actuellement » pour les prix des produits alimentaires, a indiqué un responsable de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Pour la FAO, il n'y a pas d'urgence et « nous continuons à dire que les fondamentaux sont ok, que les stocks sont largement suffisants, que l'on n'est pas dans la même situation qu'avant la crise (alimentaire et les émeutes de la faim, ndlr) de 2007/2008 », a-t-il ajouté, sous couvert de l'anonymat.
Habituellement, ces réunions sont organisées tous les deux ou trois ans, a précisé Abdolreza Abbassian, économiste et analyste de la FAO en charge des céréales.
Ce n'est pas une réunion dictée par la crainte d'une nouvelle crise mais « il y a pas mal d'anxiété sur les marchés » et l'annonce par la Russie qu'elle ne recommencera pas à exporter ses céréales avant 2011 « va prolonger cette période d'anxiété et d'instabilité sur les marchés », a indiqué M. Abbassian. « Evidemment qu'il n'y aurait pas de réunion si la situation était normale sur les marchés », a-t-il noté.
Les ambassadeurs auprès de la FAO et ministres qui participeront à la réunion du 24 seront appelés à « réfléchir sur les leçons à tirer de la crise de 2007/2008 », selon M. Abbassian, selon lequel sera abordée aussi la situation au Mozambique.
Toutefois, sur la base d'informations ramenées par des délégués FAO revenus récemment du Mozambique, il a estimé que les émeutes « ne sont pas uniquement liées au prix du pain dont le gouvernement avait déjà annoncé la hausse le 6 septembre, c'est une combinaison de facteurs ».
Selon M. Abbassian, « les prix du blé en soi étaient plutôt faibles la semaine passée au Mozambique », les autres raisons sont « la dévaluation de la monnaie qui a renchéri tous les produits importés entraînant des hausses aussi pour le prix des carburants et de l'eau ».
De manière générale, les conditions du marché de céréales sont bien meilleures qu'en 2007/2008 mais, a averti M. Abbassian, « parfois la hausse des prix des matières premières combinée à des facteurs macro-économiques et à de l'instabilité politique peut provoquer des épisodes » de violences.
Un tel scénario n'est « pas à exclure dans certains pays pauvres si les prix alimentaires restent élevés entraînant une hausse des autres produits », a-t-il mis en garde.
L'économiste, disant s'exprimer à titre personnel, a souhaité que les Etats membres de la FAO profitent de la réunion du 24 pour élaborer des mécanismes réduisant l'instabilité des marchés de produits alimentaires.
« C'est bien de faire des projets (pour accroître la production, ndlr) sur dix ou cinquante ans mais il faut aussi s'occuper du court terme », a-t-il souligné.
Il a dit espérer que la réunion débouchera sur des décisions au contraire de ce qui s'était passé après la crise de 2007/2008. Selon lui, il faudrait notamment se demander « pourquoi les pays dépendant des importations alimentaires n'ont pas de systèmes pour atténuer » les fluctuations de prix ? « Pourquoi de grands pays exportateurs comme la Russie n'ont pas de plans d'urgence pour mettre de côté des réserves en période de récoltes très abondantes ».