« Tuer des loups pour les empêcher d'attaquer le bétail est contre-productif ; les tirs et le piégeage conduisent à plus d'ovins et de bovins tués l'année suivante, et pas moins » : ainsi l'association Ferus résume-t-elle une étude américaine publiée le 3 décembre par le webmagazine scientifique américain PLoS ONE.
« Sans vouloir transposer les résultats de cette étude [conduite aux Etats-Unis, ndlr] au contexte français, on remarquera toutefois que certains éléments sont similaires à ce que l'on constate en France : les tirs de loups sont contre-productifs, perturbent les meutes qui éclatent et qui se tournent alors davantage vers les proies les plus faciles : les troupeaux domestiques mal ou pas protégés », écrit l'association animalière Ferus dans un communiqué du 5 décembre. Conclusion : « Les moyens de protection des troupeaux doivent être privilégiés. »
« L'étude du biologiste Rob Wielgus et de l'analyste Kaylie Peebles est la plus grande dans ce domaine, analysant et compilant 25 années de prélèvements sur les loups dans le Montana, le Wyoming et l'Idaho, où l'espèce a été réintroduite au milieu des années 1990, notamment dans le secteur de Yellowstone. Jusqu'à présent, l'efficacité des tirs de loups pour protéger les troupeaux était une hypothèse non testée. Or, selon les chercheurs, pour chaque loup tué, les risques de prédations sur les troupeaux augmentent significativement : 4 % pour les ovins et 5 à 6 % pour les bovins. A partir de 20 loups tués, les pertes sur les troupeaux doublent. »
La prédation diminue à partir de 25 % de loups tués
« La tendance se poursuit jusqu'à ce que 25 % des loups d'un secteur soient tués ; à partir de ce seuil, les prédations diminuent. Mais un taux de prélèvement de loups de plus de 25 % est trop important pour que l'espèce se maintienne à long terme. »
« Selon Wielgus, les tirs de loups sont susceptibles de perturber la cohésion sociale des meutes. Alors qu'un couple dominant intact retardera l'accouplement de sa progéniture, des perturbations au sein de la meute peuvent laisser les jeunes loups sexuellement matures libres de se reproduire, ce qui conduira à une augmentation des couples reproducteurs. »
« Comme l'indique Wielgus, les prédations dues aux loups constituent un faible pourcentage des pertes, surtout comparé aux autres causes comme les maladies, les accidents ou les autres prédateurs. Dans une étude à venir sur le contrôle non-létal des loups, une équipe de Wielgus a suivi par télémétrie 300 ovins et bovins l'été dernier dans l'est de l'Etat de Washington. Aucun animal n'a été tué par les loups. »
« Il y aura quelques prédations, dit Wielgus. Mais le chercheur encourage à davantage de moyens non létaux comme les chiens de protection, des effaroucheurs lumineux ou des "cartes à risque" pour décourager le pâturage des troupeaux domestiques dans des zones trop difficiles à protéger. »