Une « brigade d'appui » va être mise en place pour soutenir les éleveurs confrontés aux attaques de loups, a annoncé le samedi 18 juillet 2015 la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, qui prévoit aussi des démarches auprès de la convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage en Europe.
Cette « brigade », composée de dix agents titulaires du permis de chasse, dont on ignore s'ils seront ou non armés, sera chargée de « mieux protéger les troupeaux », notamment « en assurant une présence auprès des éleveurs connaissant une récurrence d'attaques exceptionnelles », explique le ministère. Ils interviendront aussi en appui de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), dans les opérations d'effarouchement ou de prélèvement ordonnées par l'État.
Des interventions essentiellement en Paca
Cette équipe, constituée par l'ONCFS, pourrait être déployée dès la fin d'août. Elle interviendra en priorité dans les départements de la Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) les plus touchés, et ponctuellement dans d'autres, comme la Savoie. Ségolène Royal « n'exclut pas d'étendre ce dispositif à d'autres départements dans le cadre d'une coopération avec les collectivités locales volontaires », ajoute-t-on.
La ministre a aussi annoncé qu'elle engageait « une démarche auprès de la Commission européenne et de la convention de Berne pour que les modes de gestion du loup soient adaptés en fonction de l'importance de sa présence sur le terrain, comme en Espagne où deux modes de gestion du loup existent ».
« L'élevage, et notamment le pastoralisme, remplissent un rôle crucial pour la biodiversité en France et doivent être défendus », explique Mme Royal, pour qui « il s'agit de conserver un équilibre entre la protection du loup, espèce qui fait partie intégrante de notre patrimoine naturel, et la défense des activités de pastoralisme ».
Le nombre de loups multiplié par trois en dix ans
Elle rappelle que « les attaques de loup ont doublé en cinq ans » (8.500 brebis victimes pour la période allant de juillet 2014 à juillet 2015). Le nombre de départements concernés a en outre triplé en cinq ans (27 en 2014), alors qu'en dix ans, le nombre de loups recensés passait de 100 en 2004 à 300 environ. Plusieurs organisations d'éleveurs et agriculteurs des Hautes-Alpes, dont la FRSEA, ont d'ailleurs prévu de se mobiliser mardi et mercredi, à l'occasion du passage du Tour de France, pour « sensibiliser le public à la détresse d'une profession profondément ébranlée ».
Depuis un an, 17 loups ont été tués dans le cadre de dérogations, un chiffre en augmentation en partie lié aux battues de chasseurs permises dans des zones très touchées par les attaques. Les conditions pour autoriser les tirs, autorisations données localement par les préfets, vont être assouplies, indiquait aussi le ministère en juin.
Canis lupus, espèce protégée au niveau européen, est recensé dans une trentaine de départements français et des spécimens ont été repérés jusque dans la Marne, ainsi qu'en Lozère. En Europe, sa population est estimée à près de 12.000 individus.