La Grèce veut arracher un amendement de l'accord de libre-échange conclu entre l'UE et le Canada en octobre 2013, lui reprochant de ne pas garantir une protection suffisante de la feta, son célèbre fromage, a-t-on appris mercredi auprès des négociateurs grecs et européens.
Le ministre grec de l'Économie, Georges Stathakis, doit saisir jeudi ses homologues du problème lors d'un conseil des ministres chargés du commerce à Bruxelles, ont précisé ces sources. Une source grecque a même agité la menace d'un veto à l'accord qui doit être formellement soumis pour aval en octobre au conseil de l'UE, qui représente les gouvernements, avant d'être ratifié par les parlements.
« Aucune décision de veto n'a été prise à ce stade », a-t-on tempéré au ministère grec de l'Agriculture et de l'Alimentation. « Nous tentons pour l'instant d'obtenir des amendements sur l'accord afin que ce texte ne devienne pas la base des traités à venir avec d'autres pays tiers », en particulier en vue de l'accord de libre-échange actuellement négocié entre l'UE et les Etats-Unis, a-t-on précisé.
Le problème porte sur le niveau de protection accordé à la feta. Si l'UE l'a fait reconnaître comme indication protégée avec 144 autres produits, elle a toutefois dû accepter que les producteurs canadiens actifs sur le marché canadien avant octobre 2013 puissent continuer à commercialiser du fromage sous ce nom, les restrictions d'appellation étant limitées aux nouveaux acteurs de la filière.
« La Grèce a sans doute raison »
« En l'état, c'est une protection zéro », a expliqué la source grecque à l'AFP. La Grèce veut supprimer cette distinction et imposer à tous les fromages concernés d'être étiquetés « comme de type feta », a-t-elle ajouté.
La Commission européenne a jusque-là opposé une fin de non-recevoir, soulignant qu'amender cette disposition signifierait rouvrir des négociations « très difficiles ». « La Grèce se réveille tard mais elle a sans doute raison », a commenté un diplomate européen. « La Commission doit nous dire ce qu'elle peut faire, mais il n'est pas question de rouvrir l'accord », a-t-il ajouté.
La feta, fromage fabriqué avec du lait de chèvre et de brebis, figure parmi les dix premiers produits d'exportation grecs. Les exportations grecques au Canada représentent environ 10 % du marché local pour une valeur d'environ 3 millions d'euros.