Les rangs étaient un peu clairsemés, pour le cinquième congrès de l'Organisation des producteurs de lait (OPL), qui s'est tenu le 15 mars à Lempdes (Puy-de-Dôme). Une soixantaine de producteurs étaient présents, pour entendre le président de l'Office du lait, Paul de Montvalon, présenter les deux projets de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) : la « contre-interprofession » Office du lait, et l'organisation de producteurs (OP) France Milk Board, pendant national de l'organisation européenne European Milk Board (EMB).
Un office du lait dans chaque pays serait amené à remplir le rôle de l'interprofession actuelle. Mais il comporterait cinq collèges :
- celui des producteurs (dans lequel siégerait entre autres France Milk Board en tant qu'OP),
- celui des transformateurs,
- celui des distributeurs,
- celui des consommateurs,
- et celui des pouvoirs publics.
Un projet à contre-courant de la tendance actuelle, puisque le ministère de l'Agriculture fait tout pour se désengager de la gestion de la filière, et que l'heure ne semble plus à l'ouverture du Cniel (interprofession laitière) aux syndicats minoritaires.
Paul de Montvalon estime le moment opportun de créer ce collège des producteurs. Ce serait « une OP, France Milk Board. Nous devons profiter de l'opportunité de créer des OP, qui s'offrira quand le décret sera paru. » Ce type d'OP serait à décliner dans tous les pays de l'UE. Ce serait des structures de négociation, non commerciales (c'est-à-dire sans transfert de propriété). Paul de Montvalon insiste sur l'indépendance que devront conserver ces structures vis-à-vis d'un syndicat en particulier, l'objectif étant que toutes les tendances soient représentées. Les producteurs devront également éviter le piège suisse, c'est-à-dire des OP affiliées chacune à un industriel.
Objectif affiché : faire adhérer au moins 20 % des producteurs à France Milk Board d'ici à la fin de l'année, quand paraîtra le décret OP.
Au niveau européen, l'EMB défend un projet similaire. « Une agence de surveillance, regroupant éleveurs, transformateurs, consommateurs et politiques, régulerait les volumes de lait à produire au sein de l'UE et calculerait un prix plancher, en fonction des besoins du marché et des coûts de production des éleveurs », a présenté Willem Smeenk, secrétaire général de l'OPL. L'EMB réclame également que les OP puissent regrouper jusqu'à 30 % des volumes de lait produits dans l'UE et un certain nombre d'exigences minimales pour les contrats.
Daniel Condat, président de l'OPL, a conclu la journée. « Aujourd'hui, nous avons des contrats, pas des OP. Les producteurs sont en situation de faiblesse. Mais nous récoltons des signatures pour adhérer à cette association de producteurs France Milk Board. L'objectif est d'obtenir une régulation de la production de lait par les producteurs eux-mêmes, et non par le marché. La régulation par le marché, c'est du pipeau, les stocks sont avant tout des outils de spéculation ! Il faut que le ministre de l'Agriculture arrête de nous mentir : Pourquoi ne pourrait-on pas faire de régulation au niveau européen ? »
Pour débuter la contre-offensive, l'OPL a attaqué le décret relatif à la contractualisation devant le Conseil d'Etat, entre autres, pour distorsion de concurrence entre producteurs coopérateurs et ceux livrant à un privé.
ON RECOLTE CE QUE L'ON SEME
mercredi 16 mars 2011 - 09h41
L'organisation en rangs dispersés des producteurs de lait montre combien les agriculteurs ont de réelles difficultés à s'organiser et à se faire entendre... A force de voguer comme des moutons de panurge les producteurs de lait une fois de plus risquent de s'enliser dans discours,papiers et blabla au risque de perdre de vue l'élément fondamental de toute entreprise : LA MARGE DISPONIBLE POUR REMUNERER TERRES-TRAVAIL-CAPITAL... On a peine à croire que nos paysans seraient plus "lourds" avec les moyens de communication que les Tunisiens pour faire LEUR REVOLUTION...