« Ne rien signer », tel est le mot d'ordre transmis par les représentants des groupements Lactalis du bassin laitier du Grand Ouest réunis à Rennes le 10 octobre 2011. « Jusqu'en 2015, il n'y a aucun risque de ne pas être collecté. Nous avons le temps de pouvoir négocier des contrats équilibrés », indique Franck Guéhennec, coordinateur des groupements au niveau national.
Le ton se veut volontairement rassurant et pourtant, dans la campagne, l'incertitude grandit. Par un courrier en date du 5 octobre 2011, Lactalis a informé ses producteurs qu'il allait leur envoyer dans les semaines à venir une nouvelle proposition de contrat à retourner sous un mois. Après trois mois de négociations avec les représentants des producteurs, le groupe mayennais estime « le chantier de la contractualisation désormais finalisé ».
« Rien n'a été validé », affirme de son côté Franck Guéhennec. Depuis le 27 septembre 2011, les négociations avec l'entreprise sont au point mort. Le principal point d'achoppement concerne la signature tripartite (producteur, entreprise, groupement) demandée par les producteurs.
« C'est la seule garantie pour le producteur de ne pas se retrouver dans une relation individuelle face à l'entreprise, que le contrat négocié collectivement s'applique à lui comme aux autres producteurs et que les évolutions seront collectives, explique Léandre Georget, président du Groupement de Craon. Que vaut un producteur face à un géant de 5,5 milliards de litres de lait ? »
L'entreprise ne veut pas en entendre parler. Certes, il y a eu des avancées par rapport à la première mouture du projet, mais une dizaine de points restent en discussion.
Seul maître du jeu
La laiterie reste sur sa position d'être seul décideur du volume global acheté auprès de l'ensemble de ses fournisseurs. « Nous ne voulons pas gérer à sa place des volumes, mais nous demandons un minimum de transparence, insiste Franck Guéhennec. Les modifications apportées ne permettent pas un futur contrat équilibré. Lactalis veut rester le seul maître du jeu. Ce n'est pas acceptable. »
Selon les producteurs, l'entreprise s'efforce d'envoyer les contrats au plus tôt pour court-circuiter leur démarche avec un seul objectif : « tuer les organisations de producteurs avant même qu'elles ne se mettent en place. » Le bras de fer avec l'entreprise est engagé. Les associations appellent à ne pas céder à la pression.
Toutes ces négociations préparent l'après-quota. Dans l'immédiat, les producteurs restent soumis au régime encadré des quotas laitiers, un régime plus favorable que celui du contrat proposé. « La meilleure des solutions reste de ne pas signer afin d'obliger l'entreprise à revenir à la table des négociations. »
Structuration des producteurs
L'autre gros chantier des producteurs reste la structuration en organisations de producteurs (OP). Tant que le décret sur les OP n'est pas paru, les producteurs doivent passer par le statut associatif. A l'échelle du bassin laitier du Grand Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, à l'exception de la Vendée), les associations de producteurs (APLBL (1), Lactalis Craon ex-Célia, Lactalis Craon 49, Lactalis ex-Nestlé, Lactalis Fougerolles, Lactalis Maine-et-Loire), ils viennent de se regrouper au sein d'une fédération regroupant près de 3.000 producteurs. L'objectif étant d'aller à une structuration nationale. _____ (1) Association des producteurs de lait breton Lactalis. |