Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, appelle à utiliser les 50 milliards d'euros d'aides européennes à l'agriculture pour favoriser « le retour à la terre des jeunes », soulignant qu'il y a un énorme potentiel dans ce secteur et dans l'agroalimentaire.
« Nous voulons une Europe des idées, pas seulement des banques », a martelé le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, en lançant à Turin la campagne de son parti de centre gauche, le Parti démocrate, pour les européennes du 25 mai. « L'Italie a contribué à créer l'Europe. Maintenant, nous allons en Europe pour changer l'Europe », a ajouté le Premier ministre, l'un des plus jeunes d'Europe, en jeans, chemise blanche et veste décontractée.
Il a répété son « non » à une politique européenne uniquement axée sur l'austérité tout en soulignant que l'Italie entendait respecter ses obligations en matière de déficit et dette. « Une Europe basée sur la rigueur et guidée par une vision étroite n'a pas d'avenir », a-t-il dit. Mais M. Renzi a critiqué les formations contestataires qui font campagne contre l'Union européenne ou l'euro, en référence au Mouvement Cinq Etoiles de l'ex-humoriste Beppe Grillo ou à la Ligue du Nord. « Ceux qui disent qu'il faut sortir de l'euro et qu'on ira mieux cherchent simplement à faire croire qu'il est impossible de réformer les institutions. En gros, ils appellent à abandonner la partie », a-t-il estimé. « Moi, au contraire, je dis qu'il faut recommencer à croire dans les institutions, dans la possibilité de les changer », a indiqué M. Renzi. Les élus du Parti démocrate au Parlement européen devront « être des sentinelles du changement ».
Arrêter le saupoudrage
Il a appelé à mieux utiliser les fonds structurels européens. « Il faut arrêter la distribution d'argent, par-ci, par-là, pour satisfaire les amis, les maires et autres élus. On met de l'argent à disposition de l'Italie, pas de toutes les petites Italies », a-t-il expliqué. M. Renzi a appelé par exemple à utiliser les 50 milliards d'euros d'aides européennes à l'agriculture, pour favoriser « le retour à la terre des jeunes », soulignant qu'il y a un énorme potentiel dans ce secteur et dans l'agroalimentaire.
Il a défendu avec force les mesures annoncées par le gouvernement pour relancer la consommation des ménages (des réductions des impôts pour 10 millions d'Italiens) et annoncé un effort pour les retraites de moins de 1.000 euros nets par mois mais pas avant 2015 car, « malheureusement, on ne pourra pas le faire cette année ».
Autres priorités de M. Renzi : la lutte contre la bureaucratie, la réduction des coûts de l'Etat et le plafonnement des salaires des dirigeants d'entreprises publiques. « Leur demander un sacrifice n'est pas une punition. Il est inacceptable que leurs salaires aient augmenté de 170 % pendant que beaucoup de gens ne s'en sortent pas avec 1.300 à 1.400 euros par mois. On m'accuse de démagogie mais il en va de la crédibilité des institutions qui doivent rester en contact avec la réalité », a-t-il dit.