Un rapport de mission du CGAAER (1) et du CGEDD (2) publié le 14 mars 2014 estime que l'on peut prélever dans les eaux du Rhône pour irriguer une importante zone agricole de trois départements du Midi (14.000 ha), sans altérer le débit à l'étiage du fleuve, à condition de respecter certaines conditions. Le prélèvement doit intervenir à l'aval de la dernière centrale nucléaire (Tricastin), et sous réserve des résultats de l'étude technique en cours sur les volumes d'eau susceptibles d'être prélevés.
La zone agricole concernée se répartit entre le nord du Vaucluse et le sud de la Drôme en aval de Montélimar et au droit de l'ancien canal de Pierrelatte, et le nord des Bouches-du-Rhône. Cette zone agricole à fort potentiel (maraîchage, arboriculture, vigne...) se voit pénalisée par un important déficit en eau de surface et en eau souterraine, précise le rapport. Stratégiquement parlant, elle est encadrée au nord par le syndicat d'irrigation de Montélimar (alimenté par le Rhône) et au sud-est par l'Association syndicale autorisée (ASA) du canal de Carpentras (alimentée par la Durance).
Le projet paraît a priori acceptable aux plans environnemental, économique et institutionnel, indique le rapport. L'étude de faisabilité, commandée par la profession agricole et relayée par le préfet de la Région Provence-Alpes-Côtes d'Azur (Paca), visait à déterminer dans quelle mesure les infrastructures actuelles sont suffisantes pour répondre aux « besoins futurs de la rive gauche du Rhône en aval ».
« Le projet est techniquement faisable à l'aide de méthodes pratiquées usuellement dans la région, avec un découpage en tranches successives de pression au fur et à mesure que l'on s'éloigne du Rhône. Trois antennes et une dizaine de tranches fonctionnelles pourraient être installées à partir de prises existantes sur le Rhône, pour un total de 14.000 ha irrigués, dont 7.000 ha en substitution des irrigations existantes.
Pour les Bouches-du-Rhône, les besoins supplémentaires identifiés en eau pourront être satisfaits par une optimisation de la gestion des eaux de la Durance (procédure « contrat de canal » engagée dans le secteur « Crau-Sud Alpilles »), expliquent les experts du CGEDD et du CGAAER qui ont mené la mission.
Selon eux, « le débit à l'étiage du Rhône, surtout avec l'impact prévisionnel du changement climatique à l'horizon de 2050, ne doit plus être considéré comme une ressource illimitée ». Toutefois, la mission conclut favorablement à la possibilité d'un prélèvement d'eau dans le fleuve. Celui-ci doit cependant intervenir à l'aval de la dernière centrale nucléaire (Tricastin) et sous réserve des résultats de l'étude technique en cours sur les volumes d'eau susceptibles d'être prélevés.
D'autres conditions sont également à réunir : la mobilisation des acteurs autour du projet, la gouvernance du projet, le modèle économique, le financement et les orientations fondamentales du schéma directeur d'aménagement et de gestions des eaux (Sdage).
Aucun des acteurs rencontrés par la mission n'a manifesté d'opposition au projet et tous sont bien disposés à s'y investir, relève le rapport. En revanche, « l'enjeu principal sera de rassembler les acteurs au-delà des frontières des départements et des régions concernés ».
Pour en savoir plus et prendre connaissance des recommandations adressées par la mission, consultez le rapport.
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(1) Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux.
(2) Conseil général de l'environnement et du développement durable.