Deux salariés bretons de l'agroalimentaire victimes de pesticides, soutenus par Solidaires et plusieurs associations (Générations Futures, Phyto-Victimes, Attac), ont annoncé vendredi avoir engagé une triple procédure contre leur ancien employeur.
Au pénal, ils veulent faire condamner leur entreprise pour traitement des céréales avec Nuvan Total (à base de dichlorvos) interdit depuis juin 2006, à un dosage sept fois supérieur à la norme autorisée, par une entreprise non agréée, et atteinte à leur intégrité physique.
Devant les juridictions de la Sécurité sociale, ils souhaitent obtenir la reconnaissance d'une « faute inexcusable » de l'employeur pour non-respect de son obligation de sécurité envers les salariés. Enfin, ils contestent leur licenciement devant les prud'hommes.
Pour Eric Beynel, de Solidaires, leur cas pose un véritable « problème de santé publique » dont sont également victimes les agriculteurs utilisant des produits phytosanitaires et des milliers de salariés en contact avec ces produits comme les dockers, les douaniers, les magasiniers, les chauffeurs routiers ou les ouvriers des usines de traitement du bois.
Aujourd'hui au chômage, les deux salariés ont été intoxiqués, en avril 2009, par des produits contenant du dichlorvos utilisés pour traiter des céréales stockées chez Eolys sur le site de Plouisy (Côtes-d'Armor) et destinées à l'alimentation animale (porcs et volailles).
Ils souffrent d'un syndrome d'intolérance aux solvants et aux odeurs chimiques et ont été déclarés inaptes au travail avant d'être licenciés en juin et juillet 2011 par leur entreprise, Nutréa, filiale de la coopérative Triskalia.
En mai 2009, ils ont porté plainte contre X auprès du procureur de Guingamp (Côtes-d'Armor), plainte d'abord classée sans suite avant qu'une enquête préliminaire soit ouverte en novembre 2010.