L'Institut national de médecine agricole organisait vendredi un colloque intitulé « Cancer et agriculture » à Tours. Premier constat lisible à travers toutes les études réalisées sur le sujet : les agriculteurs font partie d'une des catégories socioprofessionnelles les moins exposées au risque de cancer selon l'Institut de veille sanitaire (1).
L'enquête Agrican (agriculture et cancer), lancée en 2005 sur une cohorte de 180.000 personnes, s'achèvera en 2020. Les premiers résultats sur la mortalité vont dans le même sens : le risque de décéder d'un cancer est inférieur de 27 % chez les hommes et de 19 % chez les femmes.
Seule surmortalité observée pour les maladies cancéreuses : les mélanomes malins de la peau liés aux expositions au soleil et sans doute aux produits de traitement. Chez les femmes de la cohorte Agrican, il y a également une surmortalité pour les cancers de l'œsophage (+8 %), de l'estomac (+5 %) et du sang (+2 %).
Les professeurs qui sont intervenus lors du colloque soulignent l'impact positif de la moindre consommation du tabac sur ces résultats : les trois quarts des femmes et près de la moitié des hommes n'ont jamais fumé. Or le tabac augmente considérablement les risques de l'apparition de nombreux cancers.
L'enquête Agrican débute cependant. En 2012, elle devrait donner les premiers résultats sur le rôle des facteurs professionnels et analyser les risques par secteur en tenant compte, entre autres, du risque phytosanitaire. Pour l'heure, les premiers résultats s'appuient sur l'analyse des décès. Les données sur l'incidence de la maladie devraient être disponibles dans un an.
Mais faut-il se réjouir de ces résultats ? Ils ne préfigurent pas forcément la suite : les médecins présents au colloque de l'Institut national de médecine agricole rappellent qu'il faut du temps (30 ans) pour déclarer un cancer et que l'usage massif des produits de traitement s'est généralisé dans les années 1970. Or, la cohorte Agrican a une moyenne d'âge de 65 ans : les plus âgés ont donc moins manipulé de pesticides.
Autre inquiétude : les jeunes agriculteurs fument davantage que leurs aînés. Et le tabac est un risque avéré de cancer.
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(1) L'InVS souligne par ailleurs la nette surmortalité des agriculteurs face aux AVS (accident vasculaire cérébral) et aux morts violentes (suicides).
Téléchargez l'étude Agrican.
Note : La colonne qui nous intéresse est la colonne RR. La moyenne est de 1.