« Le développement agricole doit se faire avec les paysans » : tels sont les propos tenus en 1946 par François Tanguy-Prigent, alors ministre de l'Agriculture, quand la France était en quête d'un modèle viable pour le secteur. Près de 70 ans après, la place de l'agriculteur au sein des filières agroalimentaires fait toujours débat. C'est autour de cette question que les étudiants de l'Ihedrea (Institut de hautes études en droit rural et économie agricole) ont reçu Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, le 3 novembre 2015 à Levallois-Perret (92).
Selon lui, la paralysie de l'élevage ne résulterait pas seulement de la fluctuation des prix, mais elle dépendrait également « d'une crise morale liée à la reconnaissance de la profession agricole au sein des filières agroalimentaires ». Le représentant du syndicat majoritaire estime que « la fin des quotas européens est l'occasion de renforcer le rôle des organisations professionnelles. Aujourd'hui, l'agriculteur ne doit plus être regardé comme un simple producteur de matières premières mais comme un acteur à part entière dans les filières. Il faut raisonner dans une logique de contractualisation tripartite entre producteur, transformateur et consommateur ».
Conflit entre agriculteurs et industriels
Le soutien des interprofessions permettra-t-il de remédier à l'éternel conflit entre agriculteurs et industriels ? Pour Dominique Barrau, la solution paraît évidente : les interprofessions ont pour mission de convaincre les transformateurs de prendre des initiatives financières à l'égard des producteurs.
Le secrétaire général de la FNSEA a profité de cet échange pour évoquer le vif sujet du pluralisme syndical. Brossant un portait flatteur des actions menées par la FNSEA dans le cadre du soutien à l'élevage, il n'a pas hésité à tacler les syndicats minoritaires. Selon lui, la Confédération paysanne aurait une orientation trop axée sur « le social », contrairement à une Coordination rurale qui serait trop « libérale » et manquerait d'initiatives concrètes.
Revaloriser mais pas uniquement en paroles.
jeudi 05 novembre 2015 - 12h09
Il serait normal de revaloriser la place des agriculteurs dans la chaine alimentaire. Si en 1946 le développement agricole devait se faire avec les paysans, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ce n'est pas une crise morale liée à la reconnaissance de la profession agricole au sein des filières agroalimentaires qui est le problème, puisque celle ci ne peut plus exister à cause de la mondialisation. La cause c'est la liberté des prix, la libre circulation, et acheter au prix le plus bas, la discussion avec le producteur local n'a plus aucun sens, n'est plus possible légalement. Pourquoi un actionnaire discuterait pour gagner moins puisque rien ne l'oblige à réduire sa part de gâteau, lui n'a plus besoin du producteur. Pour lui la charité chrétienne est terminée depuis longtemps. La honte c'est d'entendre dire par le syndicat majoritaire, la fin des quotas est l'occasion de renforcer le rôle des organisations professionnelles, alors qu'elles continuent de nous mener à l'abattoir, en ne réglant pas durablement le prix rémunérateur au producteur. Faire croire que l'agriculteur ne doit plus être regardé comme un simple producteur de matières premières, alors que c'est ce qu'il est uniquement, mais comme un acteur à part entière dans les filières, ce qui serait normal, est faux actuellement. Ne pas mentionner qu'il est impossible à cause de la législation, de la loi qui n'est pas ce que l'on voudrait entendre, un producteur ne doit décider de rien, c'est ce qui doit s'appliquer et c'est ce qui s'applique. Pour faire bouger,il ne suffit pas de dire, mais de vouloir réellement ce que l'on veut, pour cela il faut parler de changer la réglementation, afin d'être un peu plus crédible. Une contractualisation tripartite serait normale, mais impossible, car les producteurs ne sont plus nécessaire, sauf s'ils acceptent de vendre au prix le plus bas du marché mondial, nous y sommes bientôt... C'est cela la vérité, si nous ne changeons pas les règles, notre avenir continuera de disparaitre. Ce qui est grave c'est que l'on nous mène en bateau, et que personne ne dit rien. Ne pas voir, ni sentir, qui dit la vérité pour nous ouvrir les yeux, c'est plutôt surprenant pour un bon paysan....