« Nous pouvons nous féliciter des avancées que nous avons obtenues en 2011 en faveurs des jeunes », a déclaré mardi Jean-Michel Schaeffer, président de Jeunes Agriculteurs (JA), lors d'une conférence de presse.
Il saluait ainsi la mise en œuvre de la taxe sur le changement de destination des terres (dont les recettes viendront financer l'opération J'innovations (1)), ainsi que le maintien à 350 millions d'euros de l'enveloppe publique pour l'installation (prêts bonifiés, DJA...).
Pourtant, les conséquences budgétaires du transfert de compétence des Adasea vers les chambres d'agriculture, opéré l'année dernière, suscitent encore ses inquiétudes. Les crédits octroyés par l'Etat en faveur des actions de communication, d'animation et d'instruction des dossiers sont en effet passés de 14,7 à 8 millions d'euros entre 2010 et 2011, pour tomber à 2 millions cette année. Ils seront supprimés l'année prochaine.
« Au-delà du chambardement technique provoqué, nous savons qu'il va manquer de l'argent en 2012, a confié Jean-Michel Schaeffer. Nous réfléchissons avec le ministère sur la manière d'apporter le meilleur accompagnement possible avec le budget proposé, mais les montants actuels ne permettent pas de couvrir l'ensemble des besoins. »
Quant aux difficultés d'organisation dont font part certains départements : « Nous travaillons actuellement pour optimiser les services au sein des chambres d'agriculture. Cela fera partie des grands enjeux pour les élections aux chambres de 2013 », a-t-il assuré.
Obtenir des engagements des candidats
D'ici là, JA doit se préparer à l'autre grande échéance : à trois mois de l'élection présidentielle, le syndicat veut rencontrer les candidats pour « mettre l'agriculture au cœur des débats » et obtenir de leur part des engagements sur la question du financement de l'accompagnement à l'installation. Le Salon de l'agriculture – qui aura pour thème cette année l'emploi et la formation – sera le terrain propice à ces rencontres, a annoncé Jean-Michel Schaeffer.
A cette occasion, d'autres propositions seront soumises aux candidats, « pour que l'agriculture sorte gagnante de la crise actuelle » : rendre la taxe sur le changement de destination des terres agricoles plus dissuasive en l'augmentant, instaurer un seuil minimal de 20 % de produits locaux et de saison dans la restauration collective, débloquer le droit à la concurrence...
Et surtout, « l'Etat doit arrêter de saucissonner sa politique, a martelé Jean-Michel Schaeffer. Comment est-il possible aujourd'hui que les ministères de l'Agriculture et de l'Industrie ne travaillent pas main dans la main quand il s'agit de mettre en place une stratégie pour notre agroalimentaire ? Comment est-il possible aujourd'hui que les ministères de l'Environnement et de l'Agriculture ne parviennent pas à élaborer des stratégies communes, cohérentes à partir d'enjeux partagés ? Cette cacophonie freine nos initiatives ».
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(1) « J'innovations » est une opération menée par le ministère de l'Agriculture et visant à soutenir des projets innovants de jeunes agriculteurs, à développer la performance d'entreprises agricoles nouvellement créées et à faire émerger des projets générateurs d'emplois et de valeur ajoutée dans les territoires ruraux.
Visionnez l'interview de Jean-Michel Schaeffer.