A la suite de la découverte de plusieurs foyers en Europe, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a été saisie en urgence le 17 novembre afin d'évaluer le niveau de risque d'introduction du virus de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N8 en France. « La situation sanitaire européenne au regard du virus IAHP H5N8 peut continuer à évoluer rapidement », annonce l'Anses.
Dans un avis en date du 21 novembre 2014, l'Anses rappelle qu'un premier foyer a été découvert le 4 novembre en Allemagne dans un élevage de dindes de chair. Un second a été détecté le 14 novembre aux Pays-Bas dans une exploitation de poules pondeuses et reproductrices. Puis un troisième au Royaume-Uni le 14 novembre dans un élevage de 6.000 canards. Les trois exploitations ne sont pas en plein air. Aux Pays-Bas, « à l'heure du bouclage de cet avis, un second foyer concernant 25.000 poules pondeuses serait confirmé », indique l'Anses. D'autres cas, portant sur des oiseaux sauvages, sont en cours d'identification en Asie.
« Compte tenu des circonstances de découverte des cas d'IAHP en Europe, éloignés géographiquement et sans lien épidémiologique évident entre les élevages cas, l'implication de l'avifaune est fortement suspectée », estime l'Anses. Mais cette dernière n'écarte pas la piste d'une contamination via l'activité humaine. « Si l'absence de lien épidémiologique dû à des activités humaines entre les foyers domestiques venait à être démontrée par les enquêtes épidémiologiques en cours, l'hypothèse sur le rôle des oiseaux sauvages dans la diffusion du virus serait largement confortée », insiste-t-elle. En estimant que cette hypothèse serait la plus probable, l'Anses considère que « le niveau de risque d'introduction d'un virus IAHP H5N8 en France est au minimum "modéré" sur l'ensemble de la France métropolitaine (y compris la Corse). »
Vigilance accrue dans les élevages
Le Groupe d'expertise collective d'urgence (Gecu) constitué sur la grippe aviaire H5N8 « recommande une vigilance accrue dans les élevages, avec un renforcement de certaines mesures de biosécurité : protection de l'alimentation, de l'eau par rapport à un accès par des oiseaux sauvages et interdiction des eaux de surface, changement de vêtements, de bottes et détection précoce des troubles chez les volailles (baisse de production, augmentation de mortalité). Il convient de rappeler que, chez les canards domestiques, les signes cliniques peuvent être faibles à modérés et qu'un renforcement de la surveillance active pourrait être souhaitable. »
Le Gecu appelle par ailleurs à un renforcement de la surveillance événementielle dans l'avifaune, en effectuant une sensibilisation générale des acteurs de terrain : collecte de tout cadavre d'anatidé (oie, cygne, canard) en cas de mortalité groupée ; recherche d'influenza aviaire sur tout anatidé sauvage trouvé mort ou malade (dès le premier), au moins dans les zones humides à risque.