Des centaines d'agriculteurs venus surtout de la Crète ont manifesté vendredi dans le centre d'Athènes contre un projet de loi controversé instaurant pour la première fois l'imposition des terres agricoles.
« Non à la double imposition », « Aucun euro pour les champs », proclamaient les banderoles déployées sur la place Syntagma en bas du Parlement, selon un photographe de l'AFP. Brandissant des drapeaux noirs, les agriculteurs ont scandé des slogans devant le ministère des Finances et ont ensuite tenté d'entrer dans l'esplanade du Parlement avant d'être repoussés par les forces anti-émeutes. Les agriculteurs ont répondu en jetant des oranges.
Discuté depuis plusieurs mois en raison des critiques et des réactions provoquées au sein même du gouvernement de coalition droite-socialistes, ce projet de loi doit être voté au Parlement dans la soirée. L'objectif général de la loi est d'harmoniser la taxe sur les biens immobiliers. Les terres agricoles de plus de 1.000 m² sont imposées pour la première fois.
« Dans cette conjoncture économique difficile, le fardeau de l'impôt pèse sur les plus démunis », a déploré Yorgos Xilouris, 38 ans, agriculteur qui a quitté jeudi soir Héraklion, chef-lieu de la Crète, pour participer à la manifestation.
Le projet de loi prévoit des exemptions ou des réductions de la taxe foncière pour les bas revenus ainsi que pour les habitants de petites îles.
L'opposition et les syndicats ont dénoncé « la surimposition » de l'immobilier dans un pays où plus de 70 % des gens sont propriétaires, l'un des pourcentages les plus élevés d'Europe. Considéré comme une garantie sociale face aux défaillances de l'État providence, l'investissement dans l'immobilier était une tradition en Grèce.
Des experts craignent que cette « surimposition », dictée par la troïka des créanciers UE-BCE-FMI, ne porte un coup supplémentaire au marché de l'immobilier sur lequel les prix ont dégringolé de plus de 30 % depuis l'éclosion de la crise de la dette en 2010.