Ni OGM, ni processus classique de sélection par croisements successifs : des chercheurs ont dévoilé dimanche une technique révolutionnaire pour produire en un temps record des semences à fort rendement ou résistantes au changement climatique.
Les premiers bénéficiaires de cette technique baptisée « MutMat » pourraient être les agriculteurs des côtes japonaises frappées par le tsunami en mars 2010, qui auront besoin d'un riz résistant au sel pour leurs rizières inondées par la mer.
Cette nouvelle technique, publiée dimanche dans la revue Nature Biotechnology, dope artificiellement les mutations dans une plante souche pour faciliter la détection des variantes génétiques qui lui confèrent ses qualités spécifiques. Une fois identifiés, les gènes associés à ces qualités (vitesse de croissance, rendement, résistance à la sécheresse, aux maladies, etc.) peuvent alors être réintroduits dans la plante souche « par un croisement classique. Cette approche n'utilise absolument aucune modification génétique de type OGM », explique Sophien Kamoun, du Laboratoire Sainsbury, de Norwich (Royaume-Uni).
Actuellement, développer une nouvelle variété de plante aux caractéristiques spécifiques – un « cultivar » dans le jargon botanique – est un processus ardu qui peut prendre de cinq à dix ans. La technique « MutMat » permettrait de réduire ce délai à un an environ, estiment ses développeurs.
Selon le Pr Kamoun, cette technique est particulièrement prometteuse car elle permettrait d'améliorer encore des souches qui se sont déjà adaptées naturellement au fil du temps à des conditions locales particulières. D'autres cultures ayant un génome relativement petit et simple feraient d'excellents candidats pour le MutMat, mais le blé et le maïs poseraient davantage de difficultés, souligne-t-il.