Preuve que le monde agricole évolue : « Plus de 35,9 % des formations suivies par les exploitants agricoles concernent les problématiques environnementales et sociétales », a indiqué jeudi Christiane Lambert, présidente de Vivea. Le fonds d'assurance formation des non-salariés agricoles organisait avec le Fafsea (Fonds d'assurance de formation des salariés), un colloque sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). L'occasion pour Michel Capron, universitaire à Paris VIII et expert en RSE, de décrypter ce « jeune concept », parfois « flou, plastique et polymorphe ».
« Selon la norme ISO 26000 de novembre 2010, la responsabilité sociétale des entreprises englobe sept questions générales : la gouvernance et l'organisation, les droits de l'homme, les conditions de travail, l'environnement, la loyauté dans les affaires, le respect des consommateurs et le développement local », a présenté le professeur émérite.
L'Agroalimentaire est l'un des rares secteurs à avoir décliné la norme ISO 26000 dans un guide pratique, a-t-il ajouté. « On peut s'en inspirer au niveau des exploitations, en ce qui concerne par exemple l'accueil et la formation des saisonniers, la collecte des déchets et leur valorisation via la méthanisation, les actions de sensibilisation des consommateurs avec des animations de vente... »
La France apparaît très avancée en la matière. Bien plus que l'Allemagne, par exemple. Mais la reconnaissance des actions engagées semble « compliquée » : « ISO 26000 n'est pas certifiable ». L'Afnor le refuse. Il ne faut pas attendre d'elle qu'elle délivre cette reconnaissance. Aux professionnels de s'organiser ! »
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, « la RSE n'est pas qu'un concept pour grandes entreprises, a assuré Michel Capron. Les très petites entreprises ne peuvent pas s'exonérer de leurs responsabilités. Tout le monde est concerné, y compris les exploitations agricoles. C'est d'ailleurs peut-être moins difficile pour de très petites structures que pour de grands groupes multinationaux ! Cela repose souvent sur l'initiative du chef d'entreprise. En revanche, il y a un problème de coût et se former est essentiel ».
« Notre spécificité est de travailler sur du vivant, a ajouté Christiane Lambert. Notre responsabilité environnementale est plus importante que dans d'autres secteurs, on est très attendu sur ces questions ! Toutes les forces vives de l'entreprise doivent être associées. En particulier les salariés. »
En tant qu'organismes de financement des formations, Vivea et le Fafsea se posent comme fer de lance de la mise en œuvre de la responsabilité sociétale des entreprises dans le monde agricole.