Il y a un an et demi, l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires épinglait les « marges confortables » de la grande distribution, sans parvenir à savoir si elles étaient justifiées ou non. Et pour cause : les distributeurs rechignaient à dévoiler leur charges par rayon.
C'est désormais chose faite. « Les distributeurs ont largement ouverts leurs comptes, comme l'avaient fait les industriels avant eux », s'est réjoui Philippe Chalmin, président de l'Observatoire, lors de la présentation de son rapport mardi au ministère de l'Agriculture.
Ainsi, pour la première fois depuis sa création en 2010, l'Observatoire est parvenu à décortiquer la formation des prix pratiqués dans les rayons des distributeurs, de la marge brute à la marge nette, en se fondant sur les déclarations de sept enseignes (Carrefour, Casino, Leclerc, Auchan, Intermarché, Système U, Cora) qui ont accepté de partager leurs données : coût d'achat des produits, frais de personnel, maintien des rayons, foncier... (cf. tableau ci-dessous)
La marge nette ainsi dégagée par le rayon de la boucherie apparaît négative : vendre de la viande désossée, découpée, emballée, coûte 1,9 euro au super- ou hypermarché, pour 100 euros de chiffre d'affaires. A l'inverse, les rayons de la charcuterie et de la volaille semblent les plus rentables. Ce dernier rayon apporte une marge nette de 5,9 euros pour 100 euros de chiffre d'affaires, la plus élevée des cinq étudiés.
Pour la première fois également, l'Observatoire a détaillé la part de la valeur ajoutée revenant à l'agriculture sur 100 € de dépenses alimentaires : seulement 7,6 euros (11 euros aux industries agroalimentaires, loin derrière le commerce, à 21 euros). « Nous consommons des produits de plus en plus élaborés, qui nécessitent de plus en plus de services, justifie Philippe Chalmin. Ce chiffre reflète aussi le changement de système de la Pac, qui est passé d'un soutien aux prix directement payé par le consommateur, à un soutien par les aides ».
Ces données sont à prendre avec précaution. Elles constituent des indicateurs précieux des pratiques de distribution, mais ne doivent pas cacher les disparités qui peuvent exister d'un magasin à l'autre, suivant par exemple qu'il s'agisse d'un indépendant ou qu'il soit intégré à un réseau. Les données livrées par les enseignes sont par ailleurs difficiles à comparer, chacune n'ayant pas les mêmes stratégies de rayon.
Qu'importe, l'effort de transparence dont ont fait preuve les distributeurs est un signe encourageant pour le dialogue au sein des filières. Profitant de la présentation du rapport, les ministres Stéphane Le Foll et Guillaume Garot ont d'ailleurs rappelé la tenue d'une table-ronde sur les relations commerciales entre producteurs, transformateurs et distributeurs, le 21 novembre 2012. Objectif : étudier comment répartir au mieux la valeur ajoutée tout au long de la filière. Il reste à espérer que les derniers résultats de l'Observatoire constituent une base d'échanges solides.
Téléchargez le rapport.
Grande surprise
mercredi 14 novembre 2012 - 14h10
J'ai la chance de vendre en direct des produits de ma ferme à des bouchers, épiceries et supermarchés et aucuns ne perdent de l'argent à travailler la viande. Alors pourquoi un supermarché qui traite plus de volume et qui vendent pas moins cher perdent-ils de l'argent?? Je pense aussi que les marges annoncées sont sous estimées en produits laitiers et en fruits et légumes. Personnellement sur les chiffres que mes clients me donnent, elles sont de (par rapport au prix final) : boucherie 30%, fruits et légumes 50%, produits laitiers 30%, lait uht 10%, oeufs 20%. Aucun n'a une marge globale inférieure à 20% et la grande majorité est à 22-23% minimum et parfois supérieur à 28% du chiffre d'affaire... Et nous ?