Les prix des frets secs ont encore reculé la semaine dernière, s'enfonçant à leur plus bas niveau depuis un quart de siècle, gravement pénalisés par la surcapacité de la flotte mondiale face à une demande morose, et notamment au manque de vigueur des importations chinoises.
L'indice composite Baltic Dry Index (BDI), moyenne des prix pratiqués sur 24 routes de transport en vrac de matières sèches (minerais, charbon, métaux, céréales, etc.), a terminé vendredi à 647 points, son plus bas niveau depuis août 1986, contre 726 points le vendredi précédent.
Considéré comme un reflet de la consommation mondiale de matières premières, l'indice BDI s'est effondré de 62 % depuis le début de l'année, et est désormais en dessous des niveaux enregistrés lors de la crise de 2008.
« L'effondrement des prix s'explique avant tout par la lourde surcapacité du tonnage disponible, qui a grossi fortement ces trois dernières années, alors que, dans le même temps, la demande ne progressait que très modérément », a expliqué Georgi Slavov, analyste du courtier Icap Shipping.
La situation est tout particulièrement critique pour les « capesize », navires obligés par leur taille colossale de naviguer au large des caps Horn et de Bonne-Espérance : quelque 220 navires de ce type sont sortis des chantiers navals en 2011, augmentant la capacité mondiale de plus de 20 %. Ce déséquilibre s'est accentué récemment, puisque 38 « capesize » neufs sont arrivés sur le marché mondial depuis le début de janvier, selon le courtier BRS.
Or, sur le front de la demande, dans un environnement économique mondial morose et déprimé par la crise de la zone euro, « l'activité de fret peine à décoller, malgré le retour des investisseurs chinois après la semaine de vacances du Nouvel An lunaire (achevées le 29 janvier) », constatent les experts de l'agent maritime Fearnleys.
Le Baltic Panamax Index (BPI), qui comporte sept routes (la plupart pour les céréales) empruntées par les navires adaptés aux dimensions du canal de Panama, a quant à lui fini vendredi à 693 points, contre 815 points une semaine plus tôt. Il avait reculé, mercredi, à 681 points, un plus bas depuis janvier 2009, avant de se ressaisir légèrement, notamment « revigoré par le début de la saison des récoltes céréalières au Brésil », selon Fearnleys.
Dans ce contexte, de nombreux propriétaires de navires « n'arrivent même plus à couvrir leurs frais opérationnels, et il est probable que les entreprises à court de liquidités finissent par faire faillite dans les prochains mois si la situation de prix très bas perdurent », a estimé M. Slavov.