Les superficies acquises depuis dix ans par des investissements étrangers dans les pays du Sud permettraient de nourrir un milliard d'humains, autant que de personnes souffrant de la faim dans le monde, assure l'organisation Oxfam.
Or, « plus des deux tiers des transactions étaient destinées à des cultures pouvant servir à la production d'agrocarburants comme le soja, la canne à sucre, l'huile de palme ou le jatropha », indique-t-elle jeudi dans son rapport « Notre Terre, notre Vie ».
Oxfam précise également que les superficies concernées équivalent à plus de trois fois la taille de la France, ou huit fois celle du Royaume-Uni, à 60 % dans des régions « gravement touchées par le problème de la faim ».
Le phénomène atteint de telles proportions que dans les pays pauvres, « une superficie équivalant à celle de Paris est vendue à des investisseurs étrangers toutes les 10 heures ».
Au Liberia, sorti en 2003 de plus de vingt ans ans de guerre, « 30 % du territoire national a fait l'objet de transactions foncières en seulement cinq ans » et au Cambodge, les ONG estiment que « 56 à 63 % des terres arables ont été cédées à des intérêts privés ».
L'accaparement de terres a été dopé par la flambée des cours des matières premières agricoles au point que « les transactions foncières ont triplé lors de la crise des prix alimentaires en 2008 et 2009 », note encore Oxfam.
Le prix du blé avait atteint un record absolu (à ce jour) le 9 mars 2008, cotant à 295 euros la tonne sur le marché européen (contre 257 euros mercredi, niveau encore très élevé).
Après la nouvelle flambée des cours en août et les perspectives déficitaires en céréales pour l'année, Oxfam réclame des « mesures urgentes pour désamorcer la menace d'une nouvelle vague d'accaparements de terres ».
La Banque mondiale (BM), entre autres, doit consentir « un gel pour six mois de ses investissements dans des terres agricoles » des pays en développement, le temps d'adopter « des mesures d'encadrement plus rigoureuses pour prévenir l'accaparement des terres ».
Selon Oxfam, « depuis 2008, 21 plaintes ont été officiellement déposées par des communautés estimant que des projets de la Banque mondiale violaient leurs droits fonciers ».
Pour Jeremy Hobbs, directeur général d'Oxfam, « la BM est la mieux placée pour éviter que ce phénomène ne devienne l'un des plus grands scandales du XXIe siècle ».
Il souhaite qu'à l'occasion de son assemblée annuelle, à Tokyo, du 12 au 14 octobre, la BM « envoie aux investisseurs du monde entier un signal fort selon lequel ils doivent mettre fin à l'accaparement des terres » et veille à améliorer la transparence des transactions foncières, en accord avec les communautés concernées.
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vendredi 05 octobre 2012 - 09h26
Au prix d'aujourd'hui, le prix du blé n'a fait que retrouver son niveau des années 80, même avec les aides.