Des salariés des abattoirs Gad ont forcé le mardi 11 juin 2013 l'entrée du siège de l'entreprise à Saint-Martin-des-Champs (Finistère) pour protester contre la fermeture annoncée du site de Lampaul-Guimiliau qui emploie 850 personnes avant de prendre à partie la direction aux cris de : « Démission ! ».
Entre 400 et 500 salariés se sont retrouvés devant le siège de l'entreprise, en redressement judiciaire depuis février, après avoir mené une opération escargot qui a fortement ralenti la circulation sur plus de 34 km sur l'axe Brest-Rennes (N12), selon un communiqué de Bison Futé.
Les manifestants ont demandé à la direction de sortir à leur rencontre, mais celle-ci s'y est refusée. Ils ont alors forcé les portes du bâtiment. Un salarié a pris à partie le directeur général Christophe Peter. « J'ai trois gosses à nourrir moi, comment je vais faire ! », lui a-t-il lancé, visiblement très en colère.
M. Peter et le directeur des ressources humaines, Marc Bijaoui, ont fini, sous la pression, par accepter de prendre la parole à l'extérieur. « Je mesure ce soir et je comprends les questions que vous vous posez et l'inquiétude que vous avez concernant l'avenir de l'entreprise Gad », a déclaré au micro M. Peter, avant de rappeler qu'aucun repreneur ne s'était manifesté jusqu'ici.
« Nous réfléchissons avec les administrateurs judiciaires, avec les actionnaires, à la définition, la détermination d'un futur pour la société Gad et nous reviendrons au-devant du CCE pour cette synthèse », a-t-il poursuivi, malgré les invectives des salariés : « Dégage bourgeois ! », « Menteur ! », « Vous nous gonflez là »...
« J'ai une boule dans le ventre », a témoigné à l'AFP Marie-Pierre Queguiner, 53 ans, employée de Gad à Lampaul depuis vingt ans et dont le mari, Jean-Louis, 56 ans, y travaille également, depuis 34 ans. « Cela va être difficile de retrouver un travail, surtout quand on n'a aucune formation », a-t-elle ajouté.
« Toi, président, vous politiciens, qui ne faites rien, nous salariés sacrifiés », pouvait-on lire sur une banderole ou encore « L'agro en Bretagne va mal, Bretons en sursis ».
« On veut réagir avant qu'il ne soit trop tard », a expliqué à l'AFP Olivier le Bras, représentant du personnel. « Il y a beaucoup d'indicateurs qui nous font dire que le plan de continuation de la Cecab prévoit la fermeture d'un site, Lampaul en particulier », a-t-il ajouté. « On ne veut pas de ça ! »
Des agriculteurs de la FDSEA et des JA du Finistère, « très inquiets du devenir de la filière porcine » dans le département s'étaient joints aux manifestants qui se sont donnés rendez-vous vendredi à Vannes pour l'assemblée générale de la Cecab.
Aucune offre de reprise pour Gad SAS, qui emploie près de 1.700 personnes en Bretagne, n'est parvenue à la date limite de lundi midi au tribunal de commerce de Rennes.
Gad SAS est détenue à 65 % par la coopérative morbihannaise Cecab, principalement orientée vers la production légumière, et à 35 % par le groupement de producteurs de porcs Prestor.
L'entreprise, qui abat au total quelque 2,4 millions de porcs chaque année, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Rennes le 27 février, avec une période d'observation de six mois, courant jusqu'au 21 août.
La filière porcine est confrontée à de graves difficultés économiques, les abattoirs étant fragilisés par une situation de surcapacité en raison de la baisse de production de porcs en France.
La fermeture au 20 août de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau avait été annoncée à la fin de mai par les élus locaux inquiets. Mais la direction de Gad SAS a précisé que « toute décision était à ce stade prématurée ».