Initiative aussi originale qu'heureuse : les agricultrices de la FRSEA des Pays de Loire, l'association des femmes et familles de marins et la délégation régionale aux droits aux femmes ont réuni jeudi 200 agricultrices et femmes de marin pour une journée de réflexion aux Sables-d'Olonne. Pas pour se plaindre (des hommes notamment) mais pour comparer et enrichir leurs deux milieux.
Les agricultrices représentent plus de 25 % des chefs d'exploitation et 33 % des emplois en agriculture.
Du côté de la mer, les femmes sont avant tout conjointes de marin : sur 37.821 marins, seules 2.359 femmes sont embarquées sur des bateaux ! Elles ne disposent d'un statut que depuis 1997, statut amélioré en 2005 ! Mais pour l'instant très peu d'entre elles ont jugé bon de l'adopter, à peine 1.000 en 2011. Un statut trop cher pour les entreprises, ont estimé certaines femmes.
Si sur ce statut, comme sur leur place dans l'entreprise, les femmes de marin estiment avoir encore beaucoup de progrès à réaliser, elles partagent avec les agricultrices bien des sujets : l'amour du métier, la chance de concilier vie de famille et travail sur un même lieu (« Je fais plus de 35 heures, mais j'apprécie de les faire quand je veux », dira l'une d'entre elles) , un métier du vivant, mais aussi la préoccupation santé.
Avec chez les marins la crainte perpétuelle des « événements de mer » souvent tragiques. Les femmes de marin qui témoignaient ont raconté aussi la difficulté de faire reconnaitre leur travail (administration, travail dans les parcs à moules, vente aux consommateurs de la pêche du jour) comme un vrai travail.
Le sociologue Roger Le Guen a remarqué que du côté des agricultrices, le statut existe. Il a aussi démontré que les femmes ont très largement contribué à rénover le métier, à le diversifier, à aller au contact de la société pour améliorer son acceptabilité. Hélas ! a-t-il souligné, les agricultrices restent dramatiquement sous-représentées dans les instances professionnelles.
Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, qui a conclu la journée, a rappelé la promesse faite récemment par son président pour les prochaines élections : une juste représentation qui reflète l'agriculture départementale, soit entre 20 et 33 % des places. Pas question cependant d'obligations ou de quota quelconque. Juste une dose de bonne volonté et de pragmatisme de la part de ceux qui dans chaque département bâtiront les listes.