François Houillier, PDG de l'Inra, a dénoncé mercredi dans un communiqué diffusé par l'institut, « le poison de la peur et du doute », distillé par la publication de l'étude sur le maïs OGM NK 603 du Pr Gilles-Eric Séralini.
Il rappelle que l'expertise de ces travaux, concluant à la dangerosité de ce maïs génétiquement modifié, a été confiée aux agences compétentes, l'Anses pour la France et l'Efsa pour l'Europe.
Mais « quelques jours auront suffi à la communauté scientifique française et internationale, aux médias les plus éclairés et aux réseaux sociaux pour révéler les ambiguïtés de ces travaux », relève-t-il en déplorant « une opération médiatique » qui aura « distillé la peur chez les consommateurs » et « le doute vis-à-vis de la recherche publique qui ne remplirait pas sa fonction, voire qui ignorerait volontairement ce sujet du fait de ses relations avec les firmes de l'agrochimie ». Il se demande : « Une telle campagne est-elle conforme aux bonnes pratiques de traitement des publications scientifiques ? La communauté scientifique s'en étonne, la revue internationale Nature s'en est même émue. »
« Le mal est fait. Il est injuste mais pas irréparable », poursuit-il montrant des exemples de recherches publiques conduites sur les OGM, « à bas bruit médiatique », « dans des conditions souvent difficiles du fait même d'actions militantes qui visent à empêcher tout travail expérimental en milieu réel ».
« Au final, les travaux de M. Séralini satisfont ceux qui veulent y croire, mais ne répondent probablement pas aux critères permettant d'en tirer des conclusions scientifiques solides », juge François Houllier. Et de poursuivre : « Demander à la recherche publique, et pourquoi pas à l'Inra, de s'impliquer plus encore qu'elle ne le fait déjà nécessite des moyens qui se sont taris (pourquoi financer des recherches sur des sujets que l'opinion publique rejette a priori et que certains détruisent ?) et une confiance collective dans l'impartialité de ses résultats. »
« Avec cette publication et l'onde de choc qui en découle, on ne peut que souhaiter que les moyens nécessaires à des recherches en amont de l'élaboration et du contrôle des procédures d'évaluation et d'homologation conduites par les agences spécifiques réapparaissent », plaide-t-il.