Une étude du Commissariat général du développement durable (CGDD), publiée mardi, estime à 38 millions d'euros (M€) par an le coût des espèces exotiques envahissantes (EEE) en France, à la fois en termes de dépenses (19 M€) et de dommages occasionnés, essentiellement sanitaires (19 M€).
Il s'agit de la première étude nationale sur ce sujet, qui a porté sur la période allant de 2009 à 2013. Elle s'est appuyée sur un questionnaire d'enquête complété par une analyse bibliographique et des entretiens en métropole et en outre-mer, auprès des services de l'Etat, des collectivités territoriales, des établissements publics, des gestionnaires d'espaces naturels, des chercheurs et des entreprises.
Le CGDD, structure émanant du ministère de l'Ecologie, estime ce montant de 38 M€ « relativement faible, d'une part par rapport à l'estimation de 12,5 milliards d'euros au niveau européen et d'autre part par rapport à la dépense de protection de la biodiversité et des paysages en France, qui s'élevait à 2,2 milliards d'euros en 2012.
Les répondants à l'enquête ont rapporté la présence de plus de 600 EEE, dont un tiers en métropole. Mais 11 d'entre elles concentrent 58 % des dépenses. Elles sont surtout présentes en outre-mer (moustique-tigre, cerf de Java, cochon féral...). En métropole, parmi les espèces les plus préoccupantes ou les plus largement répandues, figurent les jussies, les élodées, les renouées, l'ambroisie, la berce du Caucase, le ragondin, le rat musqué, le frelon asiatique... A titre d'exemple, les jussies et élodées ont coûté 7,75 millions d'euros entre 2009 et 2013, les renouées 1 million d'euros, l'ambroisie 855.000 euros, le frelon asiatique 761.000 euros.
« Les dépenses les plus élevées par espèce sont principalement justifiées par des dommages à la fois aux activités économiques (nuisances aux infrastructures, pertes agricoles, sylvicoles...) et à la biodiversité, ainsi que par des dommages sanitaires », souligne le CGDD. Mais de relativiser : « Il n'a pas été possible d'isoler la proportion de dépenses justifiées par les seuls dommages à la biodiversité alors que les EEE sont reconnues au niveau international comme l'une des cinq causes majeures de son érosion. »
La plupart des EEE qui sont les plus coûteuses aujourd'hui ont été introduites de façon volontaire, à l'exception notable du moustique-tigre, de l'ambroisie, du frelon asiatique et de plusieurs champignons.