A la suite des attentats de janvier 2015, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a lancé une grande campagne de sensibilisation aux « valeurs de la République » auprès des lycéens et étudiants. L'enseignement agricole n'est pas en reste et a organisé une conférence le 10 mars, au musée de l'immigration, à Paris, en présence d'élèves du secteur. Elle fait suite à celles du 23 janvier et du 24 février. Une autre est prévue le 24 mars prochain.
Objectif : faire remonter au niveau national les réflexions menées localement, dans les lycées, sur les questions de laïcité et « d'interculturalité ». Et, surtout, traduire de manière concrète les valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité « sans rester dans l'enchantement des idées ».
« Des clés pour vivre ensemble »
Dans cette perspective, des élèves ont fait part de leurs remarques au ministre de l'Agriculture, certains s'inquiétant de « l'enthousiasme du no futur » chez leurs camarades, pour reprendre un slogan célèbre, ou bien regrettant que « les établissements agricoles ressemblent parfois à des villages gaulois »... Et d'autres de rappeler qu'« enseigner la laïcité n'est pas enseigner la religion de la République, mais donner des clés pour vivre ensemble », ou de s'interroger sur l'exemplarité des institutions de la République en la matière...
La plupart ont salué les spécificités de l'enseignement agricole comme facilitant le « vivre ensemble » dans les établissements : l'importance « des associations, des clubs et des foyers », des « salles de classes ouvertes le soir et qui permettent aux internes de travailler, tout en apprenant à être autonomes »... Mais aussi en termes de formation, grâce à l'Enseignement socio-culturel (ESC) ou l'Enseignement à l'initiative de l'établissement (EIE), des matières qui permettent aux jeunes de « lever le nez » de leurs cours, ou bien grâce à l'approche pluridisciplinaire, c'est-à-dire en traitant un même sujet via plusieurs matières, pour mieux impliquer les élèves.
Face à eux, pour leur répondre : Benjamin Stora, historien, et Patrick Denoux, professeur des universités en psychologie interculturelle. Le premier a dit percevoir, de manière générale, « une grande rage de la jeunesse et une volonté d'être davantage représentée politiquement ». Le second a dénoncé « une culture moderne qui fait l'apologie de la jeunesse, mais dans laquelle les jeunes ne se retrouvent pas ».
Il reste que sur deux heures de conférences, seules 20 minutes ont été accordées aux élèves... Espérons que ceux-ci se retrouveront malgré tout dans la restitution des travaux, prévue le 7 avril 2015, et dans les « mesures concrètes » attendues par la suite dans leurs établissements.