Pour sécuriser les approvisionnements de la France en engrais (potassiques et phosphatés principalement ), ne faudrait-il pas faire émerger un leader français qui ait les capacités d'investir dans les pays possédant les ressources ? C'est une des pistes de réflexion qui a été exposées lundi, lors du séminaire sur les engrais organisé par le service de la statistique du ministère de l'Agriculture.
« En moins de vingt ans, la France est passée du rang de quatrième consommateur mondial à celui de septième consommateur. L'Hexagone n'a plus de réel poids sur le marché, avec seulement 2 % de la consommation mondiale totale », plante le décors Pierre Cazeneuve, directeur du développement durable du bureau d'études GCL.
« Ces dernières années, la consommation s'est déplacée de l'Occident vers l'Orient et la production d'engrais tend à opérer le même basculement. Le risque pour la France, c'est de se transformer en simple logisticien de produits semi-finis importés », met en garde Pierre Cazeneuve.
« Pour nous distributeur, le principal enjeu est de sécuriser l'accès à la matière première. C'est là qu'est la compétitivité pour ce secteur, bien plus que dans le coût de la main-d'œuvre », indique Antoine Poupart, responsable de la gestion agro-environnementale du groupe InVivo.
« Pour aller chercher des minerais à 800 mètres de profondeur, il faut des investissements colossaux qui se chiffrent en milliards de dollars. Ce n'est pas possible d'accéder à ces gisements sans la force de frappe d'une grosse entreprise d'envergure internationale », ajoute le responsable de GCL.
Vu les enjeux en termes de sécurité alimentaire, cette entreprise pourrait avoir le soutien des pouvoirs publics, suggère Pierre Cazeneuve.