La production d’électricité d’origine renouvelable en France a régressé de 17 % à 64,8 TWh en 2011, dans « un contexte économique atone au niveau mondial » qui a « particulièrement » affecté la zone euro, a indiqué le commissariat général au développement durable (CGDD) du ministère de l'Ecologie, le 19 juillet 2012, dans son « Bilan énergétique de la France pour 2011 », paru dans la revue RéférenceS.
Alors que la facture énergétique française accuse une hausse de près d'un tiers à 61,4 milliards d’euros, victime de la forte hausse des prix des matières premières en 2011, « particulièrement ceux du pétrole », les hausses « pourtant significatives des productions éolienne (+2,3 TWh), photovoltaïque (+1,4 TWh) et biomasse (+0,3 TWh) n’ont pu compenser la baisse sans précédent de la production hydraulique renouvelable (-17,2 TWh) », explique le rapport.
La production primaire de l’ensemble des énergies renouvelables (thermiques et électriques) a atteint 19,5 Mtep en 2011, en repli de 12,5 % après +11,3 % en 2010 et +3,5 % en 2009. « La forte baisse de 2011, qui marque un retour en arrière, est à relativiser car elle est essentiellement de nature conjoncturelle », liée à la sécheresse (effondrement de l’hydraulicité) et à un hiver clément (baisse significative des consommations de bois-énergie par les ménages).
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La production photovoltaïque bien qu’encore limitée, s’est envolée en 2011 au bénéfice d'une progression record des installations de moyenne et grande puissance (plus de 100 kW, 73 % des puissances raccordées en 2011 contre 40 % en 2010). Elle dépasse désormais les 2 TWh en métropole (environ 64 ktep).
Environ six fois moins importante que l’éolien (12,2 TWh en 2011, +2 TWh par rapport à 2010 et représente 2,2 % de la production française d'électricité), sa production a presque quadruplé en un an et pèse désormais pour 0,4 % de la production nationale. Avec un accroissement sans précédent de plus de 1.500 MW raccordés sur le territoire métropolitain au cours de l’année 2011, le parc poursuit sa montée en puissance à 2.637 MW à la fin de 2011 (soit un parc multiplié par 2,5 depuis la fin de 2010).
Le parc en activité continue de progresser : il est évalué à 1.650.000 m² au 31 décembre 2011 (pour près de 185.000 m² de surfaces installées, environ -3 %), soit une hausse de près de 12 % par rapport à 2010.
Progression significative de la filière du biogaz
La filière du biogaz a connu en 2011 une forte dynamique dans ses diverses composantes (centres de stockage de déchets, méthanisation de résidus agricoles, industriels ou ménagers notamment) grâce à l’important dispositif d’aides publiques mis en place (fonds chaleur, revalorisation du tarif d’achat de l’électricité, réglementation et création d’un tarif d’achat pour l’injection de biogaz dans les réseaux de gaz naturel). Elle s'est traduit par le démarrage de nombreuses installations raccordées au réseau pour une puissance de 29 MW (après 24 MW en 2010), l'ensemble des installations devant permettre de produire 11 ktep.
La valorisation électrique croît à un rythme soutenu et dépasse désormais 1 TWh. La valorisation thermique progresse également à la faveur des cogénérations, dont s’équipent les nouvelles installations de stockage de déchets et de méthanisation des résidus agricoles, industriels ou ménagers.
La quantité de biogaz produite et sa valorisation sous forme électrique et thermique devraient considérablement s’accroître dans les prochaines années, estime le rapport.
Baisse importante de la consommation de bois énergie
Après avoir enregistré une forte hausse en 2010 (+13,7 %), la consommation de bois énergie à climat réel affiche au contraire une baisse sensible pour 2011 (-13,2 %). En données corrigées du climat, la consommation de bois énergie progresse sur un rythme modéré mais régulier de l’ordre de 2 à 3 % durant les cinq dernières années.
Hors secteur domestique, l’arrivée à terme de quelques opérations est à l’origine d’augmentations significatives des productions électriques et thermiques. Elles relèvent des appels d’offre CRE (production d’électricité à partir de la biomasse), du fonds chaleur, ou encore d’unités bénéficiaires des appels d’offre biomasse chaleur industrie agriculture tertiaire (BCIAT).
Des biocarburants incorporés en quantités stables mais plus diversifiés
Globalement, les mises à la consommation de biocarburants resteraient stables en 2011 à 2.890 milliers de tonnes. La diversification des biocarburants a permis toutefois d’atteindre un meilleur taux d’incorporation. En effet, concernant les biodiesels (incorporés au gazole), les professionnels ont privilégié les incorporations des nouveaux biodiesels (EMHA et EMHU à partir d’huiles animales ou usagées) qui donnent droit à une bonification pour le calcul du taux d’incorporation dans la directive sur l' énergie renouvelable (EnR). Ces derniers ont été multipliés par près de six entre 2010 et 2011. Les biogazoles de synthèse ont également plus que doublé.
En contrepartie, les biodiesels plus classiques (EMHV à partir d’huiles végétales), bien que bénéficiant d’une défiscalisation, sont en repli de près de 17 %. Concernant les bioéthanols (incorporés à l’essence), on constate au fil des années une tendance à privilégier l’éthanol pur (+16 % entre 2010 et 2011) au détriment de l’éthyl-tertio-butyl-éther (ETBE) (-14 %).
Les quantités de biocarburants produites dans le cadre des agréments et bénéficiant de ce fait d’une défiscalisation (en provenance de la France ou des autres pays de l’Union européenne) sont pour la première fois en fort recul (-16 %).
La production agréée de la filière du bioéthanol a reculé de 8 % après un bond de 13 % en 2010, et celle de biodiesel a perdu près de 20 %, d’où un recours renforcé aux importations pour couvrir les besoins, souligne le CGDD.
Les nouveaux carburants SP95-E10 ou E85 (seuls carburants essence acceptant une incorporation supérieure à 5 %) continuent leur pénétration dans le réseau de distribution en 2011 : à la fin de décembre, 3.085 stations distribuaient du SP95-E10 et leurs livraisons ont représenté 17 % des volumes d’essence en 2011.
Lire également :
- Consommation d'énergie/Bilan pour 2011 : baisse de 1 % pour le secteur Agriculture-pêche (ministère Ecologie) (25 juillet 2012)