Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, s'inquiétant des conséquences de l'embargo russe sur les produits agroalimentaires européens, a demandé jeudi à rencontrer « dans les meilleurs délais » le président de la République.
Dans un courrier à François Hollande, dont l'AFP a pu consulter une copie, M. Beulin rappelle que cette interdiction « d'une durée d'un an concernera le lait, le fromage, le poisson, le bœuf, le porc, la volaille, les légumes et les fruits en provenance de l'Union européenne, des Etats-Unis, de l'Australie, du Canada et de la Norvège ».
« Ces exportations annulées vont se traduire par la commercialisation de produits initialement destinés au marché russe dans les pays européens dont la France », poursuit le président de la FNSEA. « Or, le marché européen est déjà extrêmement tendu dans de très nombreuses productions », dit-il, en citant les fruits et légumes, ce qui « entraîne des prix ne permettant pas aux producteurs de rémunérer leur travail ».
M. Beulin se dit « conscient des impératifs des discussions internationales », dans un contexte de représailles aux sanctions imposées à Moscou pour son soutien aux séparatistes ukrainiens. Mais juge « capital que des réponses puissent être apportées à ces inquiétudes ». « Sans attendre une réponse de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) qui, je l'espère se saisira de ce sujet, je sollicite auprès de vous une rencontre dans les meilleurs délais », conclut le président de la FNSEA.
M. Beulin avait précédemment souligné sur i-Télé que ces sanctions toucheraient principalement les légumes et fruits, actuellement tomates et pêches nectarines déjà en pleine crise, et les produits laitiers. « C'est un système à double détente », a-t-il expliqué : « la Russie se ferme aux importations, mais aussi, les produits qui n'iront plus à l'exportation vont se rabattre sur les pays européens et créer une situation de crise ».
« La Russie est exportatrice de céréales mais fortement importatrice de légumes et fruits et de produits transformés tels la viande, les produits laitiers », avait-il rappelé. Le président de la FNSEA espérait une intervention de l'OMC dont la Russie est membre : « elle risque de s'exposer à des sanctions si elle ferme ainsi son marché », notait-il. « De plus, l'hiver est très long en Russie et je n'imagine pas que, demain, Vladimir Poutine tente une manœuvre qui fasse que la population (russe) se retourne contre lui si les rayons sont vides, en particulier le rayon viande », a-t-il estimé.