Les membres du collectif qui a appelé à un grand rassemblement samedi à Quimper pour l'emploi en Bretagne et contre l'écotaxe ont réaffirmé le lundi 28 octobre 2013 leur opposition à cette taxe sur les poids-lourds réclamant sa « suppression pure et simple », lors d'une conférence de presse à Carhaix (Finistère).
En fin d'après-midi, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a de son côté annoncé, dans un communiqué, qu'il réunira mardi « à 10h00 à Matignon les élus bretons », en présence des ministres de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, des Transports, Frédéric Cuvillier, et de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, et du préfet de Région.
« Il ne peut pas y avoir d'alternative. On ne va pas nous dire : on la retarde de deux ans ou les 100 premiers kilomètres gratuits ou payez en 10 fois comme chez Darty », a assuré le maire de Carhaix, Christian Troadec.
« On n'attend pas ça, on attend la suppression pure et simple de l'écotaxe en Bretagne », a-t-il poursuivi au nom du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne/Bevan, divizout, labourat e Breizh ».
« On ne demande pas un réaménagement de l'écotaxe, ce que l'on demande, c'est sa suppression pure et simple pour la Bretagne », a renchéri Thierry Merret, président de la FDSEA 29, lors de la conférence de presse à laquelle participaient également Olivier Le Nézet, président du comité des marins pêcheurs de Bretagne, ainsi que des délégués syndicaux, des chefs d'entreprise, des commerçants, des ouvriers et le président du festival les « Vieilles Charrues », Jean-Luc Martin.
« Nous défendons la gratuité des routes en Bretagne », a ajouté Thierry Merret, appelant tous les Bretons « à venir nombreux » au rassemblement de samedi, au moment où le gouvernement doit proposer des aménagements pour tenter de désamorcer les tensions autour de cette taxe, une mesure censée entrer en vigueur au 1er janvier mais qui rencontre une opposition grandissante en Bretagne.
« La Bretagne connaît un véritable drame social et voit disparaître des pans entiers de son économie », a expliqué Christian Troadec. « Il ne se passe pas un mois sans l'annonce de fermetures d'usines », a-t-il déploré, assurant que « l'heure est hélas aujourd'hui à la résistance pour dire stop à la saignée dont est victime notre économie ».
« Dans ce contexte particulièrement douloureux, le collectif [...] demande la suppression immédiate de l'écotaxe en Bretagne », a-t-il poursuivi.
« Nous sommes de plus en plus bloqués, freinés dans nos initiatives par des normes et des lois [...] et je ne veux pas mourir sans rien dire », a affirmé M. Le Nézet. Le président du comité régional des pêches a souligné que la Bretagne était la première région maritime française avec 5.500 marins, 1.700 navires et, « derrière, des emplois directs et indirects qui risquent demain aussi d'être purement et simplement supprimés sur l'autel de l'écologie ».
« Ce ne sont pas 15 millions d'euros qui vont suffire pour l'agroalimentaire. Il faut oser et, aujourd'hui, oser, c'est aller s'attaquer à cette Europe anti-sociale », a affirmé Nadine Hourmant, déléguée FO chez le volailler Doux, en référence aux mesures d'urgence annoncées à la mi-octobre par Jean-Marc Ayrault pour venir en aide à la filière agroalimentaire bretonne.
« C'est aujourd'hui une lutte inédite », a assuré Thierry Merret, expliquant qu'elle associait des « paysans, des ouvriers, des transporteurs, des artisans, des commerçants, des chefs d'entreprise, des pêcheurs ». Il a dénoncé la violence pratiquée, selon lui, par les forces de l'ordre lors de la manifestation de samedi : « Ce qui s'est passé samedi est tout simplement scandaleux. »
Des heurts se sont produits samedi entre manifestants, mobilisés contre l'écotaxe au niveau du portique de Pont-de-Buis – le dernier encore en place dans le Finistère – et forces de l'ordre, qui ont fait un blessé grave du côté des manifestants.
La Bretagne se prend en main
mardi 29 octobre 2013 - 11h16
C'est le message que la Bretagne entend faire passer à tout le pays. On voit bien que la pression fiscale annihile tout désir de s'en sortir individuellement ou collectivement et amène à une impasse. On arrive à un système absurde où il est préférable de ne pas travailler si on souhaite conserver des avantages sociaux, tandis que l'on manque de main d’œuvre dans certains secteurs d'activités. ça ne peut plus durer.