Dans une lettre ouverte à Ségolène Royal, adressée en copie à Stéphane le Foll, la Coordination rurale (CR) conteste la responsabilité des agriculteurs concernant les quantités d'AMPA (métabolite du glyphosate) retrouvées dans les cours d'eau.
Alors que la molécule la plus fréquemment retrouvée dans les cours d'eau est l'AMPA (acide aminométhylphosphonique), selon les documents mis en ligne par le ministère de l'Ecologie, la CR souligne que « l'AMPA a d'autres origines, non agricoles », en tant que métabolite de substances utilisées dans les systèmes de réfrigération, traitement des eaux de refroidissement, détergents industriels et domestiques, etc. « Les origines de l'AMPA n'étant pas distinguées, comment le ministère peut-il imputer à la seule activité agricole la présence d'AMPA dans 53 % des analyses de cours d'eau ? », interroge Bernard Lannes, président de la CR.
Pour étayer son point de vue, le syndicat cite notamment une étude autrichienne qui « conclut très clairement que les stations d'épuration sont plus émettrices d'AMPA que les utilisations de glyphosate ». Il en donne comme autre preuve que, « d'après Arvalis, sur un bassin agricole type, l'AMPA est retrouvé à des niveaux deux fois inférieurs à ceux du glyphosate tandis que dans une rivière traversant une zone industrielle ou une zone urbaine dense, l'AMPA peut être retrouvé à des niveaux 16 fois supérieurs ».
Comment expliquer l'augmentation de la pollution aux AMPA ? Les phosphates, à l'origine de phénomènes d'eutrophisation, ont été remplacés progressivement dans les produits détergents par des phosphonates, générateurs d'AMPA, explique la CR. Elle craint que la généralisation de l'interdiction des phosphates se traduise par d'autres augmentations de quantités d'AMPA dans les eaux... et que les agriculteurs en soient tenus responsables.
Le syndicat demande donc à la ministre de l'Ecologie qu'« un programme spécifique de recherche et de suivi sur l'AMPA et ses origines » soit créé. « Ses premiers résultats connus, chacun devra prendre ses responsabilités », conclut la lettre.
Identifié en 1.539 points de prélèvements en 2012 (sur 1.868 où il était recherché), l'AMPA est le polluant majeur. Son origine agricole étant loin d'être établie, cette donnée ne permet pas de mettre l'agriculture en cause. Pour être tout à fait juste, il faut néanmoins préciser que le deuxième polluant le plus identifié en 2012, avec 1.339 occurrences (sur un total de 1.889 points de prélèvements où il était recherché), est le glyphosate, dont l'utilisation est majoritairement agricole (le reste relevant des espaces verts non agricoles).
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jeudi 02 avril 2015 - 19h07
Est-ce que les ministres en question vont répondre et faire faire des études complémentaires, ou bien vont-ils encore faire la sourde oreille parceque cela contrtedit la "doxa" en vigueur depuis 20 ans. On verra s'ils sont honnêtes.