Que ce soit pour vendre en ligne ou communiquer sur les produits, l'avenir des circuits de distribution passe inexorablement par l'internet. C'est en tout cas ce qui est ressorti du premier forum des modes de distribution alimentaire innovants, Fodali, qui s'est tenu à Périgueux les 26 et 27 juin 2013.
Des participants venus d'horizons différents – producteurs, distributeurs, industriels, entrepreneurs, e-commerçants, etc. – s'y sont retrouvés pour « anticiper la distribution de demain ». Outre les discussions autour du « locavorisme » ou du « boom » des marques territoriales, les principaux ateliers de travail ont concerné le développement du numérique, en particulier pour les produits frais et le commerce de proximité. Sujet primordial, puisque 15 % des ventes alimentaires devraient se faire via internet à l'horizon de 2015, selon les études présentées.
Cependant, la « révolution numérique », si marquée dans d'autres secteurs, semble tarder ici. En témoignent les drives dans la grande distribution : ils sont en plein essor mais « rien n'est encore rentable », a estimé Gaëlle Derome, directrice du groupe d'études Dia-Mart. Par ailleurs, « l'internet ne permet pas de mettre en valeur les produits à forte valeur ajoutée », comme les produits frais et/ou locaux. Les drives se retrouveraient ainsi restreints aux « fonds de paniers » ou aux « courses-corvées » (papiers toilettes, produits d'entretien...), les consommateurs préférant encore les magasins ou les marchés pour leurs « achats plaisir ».
De nombreuses initiatives voient pourtant le jour pour surfer à la fois sur la tendance du net et celle des circuits courts . Leur défit : concilier les technologies numériques et le besoin de proximité des consommateurs, donner du sens à l'acte d'achat, même par écrans interposés. Le tout en étant rentables ! Des créateurs de sites en plein développement, tels que « Paysan.fr » , « La ruche qui dit oui » , ou encore les drives fermiers que portent les chambres d'agriculture, ont ainsi témoigné de leurs démarches et du relatif succès qu'ils rencontrent. Il reste à savoir si ces pionniers supporteront le long terme.
Au final, l'internet apparaît comme l'outil incontournable de la distribution de demain, pour les grands distributeurs comme pour les producteurs locaux, et de nombreux acteurs économiques semblent prêts à en faire un levier pour revitaliser les territoires et promouvoir les circuits courts. Mais les expériences en cours montrent que de nombreux efforts restent à faire. Une certitude : l'e-commerce dans l'alimentaire nécessite des compétences très spécialisées, tant en matière de technologie numérique que de logistique, pour la livraison des produits notamment. Les producteurs s'engageant dans ce type de démarches seuls, sans l'assistance d'intermédiaires techniciens, auront bien du mal à rentabiliser leurs projets... Ce forum aura permis aux uns et aux autres de se rencontrer. A voir maintenant s'ils sauront s'entendre !