Alors que débute devant l'Assemblée nationale l'examen du projet de TVA sociale, la FGA-CFDT, syndicat des salariés de l'agroalimentaire, a assimilé lundi les efforts du gouvernement pour réduire le coût du travail à du « dumping social ».
« Il y a d'abord eu les exonérations sur le travail saisonnier en 2010, puis celles sur des permanents dans le cadre de la loi de finances 2012, et maintenant, la TVA sociale. Politiques et employeurs ne parlent plus que du coût du travail pour expliquer les problèmes de compétitivité des entreprises », a regretté lors d'une conférence de presse Patrick Massard, secrétaire général du syndicat, ajoutant qu'il était « dubitatif sur la compatibilité de ces mesures avec le droit communautaire ».
La FGA-CFDT dénonce particulièrement les exonérations de cotisations AT/MP (accidents du travail et maladies professionnelles) et celles relatives à la formation professionnelle continue, « en raison de la déresponsabilisation des employeurs qui s'en suit ».
Et concernant les cotisations conventionnelles pour l'emploi permanent et saisonnier, « la FGA conteste la légitimité de l'Etat d'exonérer les entreprises de cotisations mises en place par les prestataires sociaux ».
Pour Frédéric Malterre, secrétaire national, « la question du coût du travail finit par occulter l'ensemble des autres éléments qui concourent à la compétitivité ». Selon lui, « la priorité numéro un, c'est l'organisation des filières, avec des organisations professionnelles et des interprofessions mieux structurées pour regrouper l'offre, et des stratégies de filières impliquant l'ensemble des acteurs », du producteur au distributeur.
La FGA-CFDT entend également faire de la Pac « un levier d'harmonisation sociale », notamment en prenant en compte l'emploi dans les critères d'attribution des aides et avec la mise en place d'un « observatoire européen de l'emploi ».
Négociations salariales
Lors de cette même conférence de presse, Patrick Massard a prévenu que les négociations salariales s'annonçaient difficiles dans le secteur agroalimentaire pour 2012.
« Il y a une incertitude au niveau économique et politique, a-t-il indiqué, faisant référence au contexte de crise et aux échéances électorales. Nos patrons ne prennent pas de décisions. [...] Du coup, on est dans un statu quo et on le ressent très clairement dans les négociations dans les branches sur les salaires. »
Le Smic ayant récemment augmenté de 2,44 % et les propositions d'augmentations salariales des employeurs tournant « autour de 1,8 ou 2 % », la FGA-CFDT craint « un tassement des grilles de salaires ».
« On sait que 30.000 emplois du secteur agroalimentaire seront à pourvoir dans les cinq ans, a insisté Patrick Massard. Les entreprises doivent assumer leur responsabilité sociale. Ce n'est pas un problème d'argent mais de confiance. »