Partant du constat que « l'élevage pastoral corse est en crise », un rapport du ministère de l'Agriculture suggère la mise en place d'un « service d'action pastorale » qui rassemblerait les différentes forces œuvrant sur le terrain.
La crise « structurelle » de l'élevage pastoral corse touche particulièrement les ovins, dont les effectifs et la production chutent régulièrement, constate l'ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts Henri-Luc Thibault, dans un rapport du CGAAER (1). Si le troupeau caprin se maintient, avec une production valorisée en circuit court, le troupeau bovin « largement divagant » est « vraisemblablement beaucoup plus détenu pour les aides communautaires qu'il génère que pour les ressources fourragères qu'il transforme ». Enfin, les ateliers porcins sont « à l'origine d'une charcuterie appréciée mais, pour l'essentiel, produite sur place à partir de porcs importés » voire fabriquée hors de l'île...
« Cette crise s'accompagne d'une déprise agricole, l'extension du maquis et la fermeture de nombreux espaces auparavant mis en valeur ainsi que par le déclin de la transhumance, constate-t-il également. Pourtant ces territoires pastoraux suscitent toujours l'intérêt, mais de la part d'acteurs ne relevant pas spécifiquement de la sphère agricole : défenseurs de l'environnement, forestiers sapeurs, promoteurs d'un tourisme non balnéaire, chasseurs, agents immobiliers... ». En parallèle, il existe de nombreuses organisations qui y interviennent en appui au développement agricole et à celui de l'élevage. Mais toutes ces actions « semblent peu coordonnées » et sans vision de long terme et partagée.
« Coaliser les forces »
Face à ce constat, Henri-Luc Thibault estime inefficace la création d'un nouveau service technique dédié au pastoralisme. Il suggère plutôt de constituer « une véritable coalition des forces qui interviennent aujourd'hui de façon segmentée dans ce secteur » afin de réfléchir à un projet collectif dans « une réflexion de long terme sur le pastoralisme corse ». Devront figurer au cœur des réflexions : l'augmentation de la production, l'amélioration de la technicité des éleveurs et de la rentabilité de leurs ateliers, l'organisation des producteurs à travers notamment les GI2E, la structuration des filières où l'aval aurait sa place, l'accès au foncier et au crédit... Cette « coalition » pourrait prendre la forme d'un GIP ou un GIE et disposer de 6-7 agents.
(1) Conseil général de l'agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux