« La coexistence est-elle vraiment possible », s'interrogent les 21es controverses de Marciac (Gers). Les rencontres qui se sont déroulées mercredi ont eu le mérite de rapprocher les personnes mais pas facilement les points de vue.
Symbole de ces débats, la controverse sur l'élevage laitier. Michèle Roux, de la Confédération paysanne, a expliqué en trois points ce qu'est pour elle un élevage paysan : une autonomie maximale de l'exploitation, la fourniture d'une bonne alimentation et non de la matière première pour l'industrie, et une agriculture qui n'accapare pas toutes les subventions. Face à elle, Philippe Choteau, responsable du pôle de l'économie à l'Institut de l'élevage, a rappelé en chiffres la réalité diverse de l'élevage laitier français : une moyenne de 350.000 litres de lait produits par une cinquantaine de vaches. « Seules 4.000 exploitations ont plus de 100 vaches. Ensuite, les exploitations à 200.000 litres fonctionnent avec 1,3 UTH. À 1 million de litres il faut 3 UTH et un salarié : on est loin de la ferme-usine », a-t-il constaté. Philippe Choteau ne défend pas pour autant l'accroissement sans fin des élevages : « Au Danemark où la moyenne d'étable atteint 1,2 million de litres, les éleveurs ont mal supporté la volatilité des prix et sont aujourd'hui sous la férule des banques. Mais en France, dans l'Ouest en particulier, où il y a beaucoup d'éleveurs, l'évolution des structures est encore loin du modèle danois. » Pour Michèle Roux, son modèle est résilient en période de crise. « Les deux modèles industriel et paysan ne peuvent pas cohabiter car le premier a comme objectif d'être le barbe-bleu du second. Et moi, je ne veux pas me faire tuer par barbe-bleu. » Philippe Choteau a rappelé la coexistence de modèles très divers en France qui ne se condamnent pas les uns les autres.
Un agriculteur des Hautes-Pyrénées plus agribusinessman que les associés des 1.000 vaches
Dans le débat qui a suivi ces échanges, les positions se sont davantage rapprochées de la pluralité des modèles proposée par Philippe Choteau. Un agriculteur des Hautes-Pyrénées s'estimait plus agribusinessman que les agriculteurs associés à la ferme des 1.000 vaches car il exerce toutes les fonctions d'un chef d'exploitation. Il s'estime aussi plus chef d'entreprise que les éleveurs danois, si grands soient leurs élevages, car ils sont dépossédés de toutes leurs décisions par les banques. Cet agriculteur défendait aussi le modèle français diversifié en prenant appui sur l'exemple de ses cousins partis il y a plus de 50 ans en Argentine. Ils avaient 500 vaches pour l'un, et 800 vaches pour les autres. Aujourd'hui, ses quatre cousins ont arrêté le lait à cause de bas prix.
Mêmes positions tranchées sur les semences entre le représentant de la Confédération paysanne qui conteste tout versement de redevances aux semenciers, refuse tout brevet sur le vivant et Christian Pees, président d'Euralis. Pour la Confédération paysanne, les semences font partie du patrimoine paysan. Christian Pees répond progrès génétique, régularité des semences et des rendements, plaide pour la transparence. Il propose un accord de tous les agriculteurs français au moins pour lutter contre les brevets que veulent imposer les plus grandes multinationales. Mais là encore, difficile de trouver un accord a minima.
D'un côté, les tenants de l'agriculture paysanne qui condamnent l'agriculture de firme destructrice des paysans et de l'environnement. De l'autre, les tenants de la diversité des modèles avec régulation des marchés et une politique publique forte pour éviter l'appropriation des moyens de production par quelques-uns. Il y aura encore matière à controverses en 2016 à Marciac.
Hélas...
mercredi 29 juillet 2015 - 19h47
Tout cela ne change pas grand chose sur le fond...il faire...dire ne sert malheureusement pas à grand chose...des discours...les journaux etc...puis après on fait quoi demain.