Le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, s'est attaché mercredi soir à Montpellier à défendre sa réforme devant les congressistes de la FNSEA. Avec des mots qui ont souvent fait mouche : même les quelques sifflements qui se sont élevés dans la salle lorsqu'il a évoqué le verdissement se sont vite transformés en applaudissements.
Donner plus de clarté et de transparence à la politique agricole européenne, voilà l'un des objectifs poursuivis par Dacian Ciolos à travers la réforme de la Pac. Pour mieux la défendre auprès des non-agriculteurs, notamment. Les discussions vont bon train, mais aucune décision définitive sur la réforme de la Pac ne pourra être prise tant que la proposition de budget n'est pas validée, a-t-il prévenu.
Le commissaire a fait de la simplification de la Pac un de ses chevaux de bataille. Et si les tentatives de simplification prêtent souvent à sourire (jaune) tant elles tendent en général à compliquer les choses, Dacian Ciolos renvoie la balle aux Etats membres. « Tout ne vient pas de Bruxelles. Comment expliquer que la même mesure soit traduite en une page dans certains Etats, et en 10 à 15 pages dans d'autres ? »
La production alimentaire reste la priorité de la politique agricole, a fortement insisté le commissaire. Et la réforme de la Pac s'attache à relier la production et la gestion des ressources naturelles. Parce qu'il ne faut pas séparer d'un côté une agriculture qui produit pour les marchés, et de l'autre une agriculture qui produit pour la durabilité. L'agriculture doit faire les deux, a soutenu le commissaire.
Concernant la convergence des aides, la Commission n'envisage pas un paiement unique à l'hectare dans toute l'UE, mais un paiement harmonisé au sein de régions homogènes. Celles-ci seront définies par les Etats, sur des critères économiques, agronomiques, administratifs ou sur une combinaison de tous ces critères. Ce qui laisse beaucoup de flexibilité aux Etats, tout en rendant les critères d'attribution des aides plus transparents et plus légitimes aux yeux des citoyens européens, a souligné Dacian Ciolos.
L'aspect économique n'a pas été oublié. Après avoir évoqué les filets de sécurité renforcés dans un certain nombre de secteurs, le commissaire a abordé la question du partage de la valeur ajoutée au sein de la chaîne alimentaire. Les conclusions d'un groupe de travail sont attendues en juin. « La Commission n'hésitera pas à prendre ses responsabilités », y compris par des outils législatifs si aucune entente amiable n'est possible, a promis Dacian Ciolos.
Sur la question du verdissement, Dacian Ciolos s'est dit convaincu que « beaucoup de gens dans cette salle remplissent déjà les conditions ». Ainsi, les 7 % de surfaces agroécologiques ne sont pas forcément des surfaces à retirer des terres arables, mais souvent des surfaces qui n'étaient pas cultivables, et même pas éligibles aux aides, a-t-il estimé.
La proposition de la Commission devrait d'ailleurs prochainement être clarifiée sur ce point particulier. « Il y a en Europe entre 4 et 4,5 millions d'hectares qui sont restés non cultivés après la fin des jachères en 2008, a-t-il précisé. Et en France, vous perdez 100 hectares par jour sous le bitume. Je ne pense pas que les 7 % de surface agroécologique soient la principale menace pour les terres agricoles. »
« Comment votre métier peut être revalorisé dans la société européenne ? C'est la seule question à laquelle je me suis efforcé de répondre à travers cette réforme de la Pac », a expliqué le commissaire. « J'ai toujours confiance en vous, même quand vous sifflez », a-t-il conclu.
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jeudi 29 mars 2012 - 16h58
Copncernant ces fameux 7% agroécologiques, il serait temps d'être clair net, net et précis, avant que cela ne tourne à l'émeute!. Le mieux, en France en tous cas, serait de reprendre les critères déja existants (haies, mares, bordures de bois, etc;;;) actuellement à 3%. Pour beaucoup d'exploitations qui ont des haies par exemple, 7% n'est pas un trop gros problème. Par contre sacrifier 7% de la surface cultivable n'est pas acceptable. Alors, il serait temps d'arrêter de donner l'impression de noyer le poisson en espérant que nous ne dirons rien jusqu'à ce que la mesure passe!.