La Commission européenne a fait le 12 février 2014 l'unanimité contre elle au Parlement européen pour son refus d'imposer dans l'immédiat la traçabilité des produits issus d'animaux clonés servis dans les assiettes européennes.
Déjà contesté pour sa gestion du dossier des cultures génétiquement modifiées, le commissaire à la Santé, Tonio Borg, s'est vu accusé de servir les intérêts américains par les chefs de file de tous les groupes politiques lors d'un débat en commission parlementaire de l'environnement.
Rouvrant un dossier gelé depuis 2011, la Commission a proposé en décembre d'interdire le clonage animal à but alimentaire dans l'UE. Mais elle n'a pas prévu de bannir la vente de viande ou de lait des descendants des animaux clonés, ni d'assurer la traçabilité de ces produits, jugeant cette option irréaliste dans l'immédiat.
L'élu conservateur allemand Peter Liese a estimé l'argument « inacceptable », accusant la Commission de vouloir « faire plaisir aux Américains » dans la perspective des négociations en cours pour un vaste accord de libre-échange UE-USA.
La proposition de la Commission équivaut « à externaliser » le clonage, a ironisé la travailliste britannique Linda McAvan. « Les USA clonent, nous importons le sperme et nous mettons dans la chaîne alimentaire, tout en gardant les mains propres, c'est cynique », a-t-elle dénoncé. « Aucun citoyen n'a demandé à consommer de la viande issue de produits clonés », a relevé pour sa part la libérale française Corinne Lepage, plaidant pour qu'au moins la Commission impose l'étiquetage des produits concernés.
M. Borg a concédé que cette option n'était pas totalement exclue, mais l'a renvoyée à un examen ultérieur. Sur le fond, il a campé sur ses propositions, qui doivent désormais faire l'objet de négociations entre Parlement européen et gouvernements.
Les exigences de traçabilité des élus européens avaient déjà bloqué en 2011 une première tentative de l'UE d'encadrer le clonage et la consommation des produits en découlant.
Au sein de l'Union européenne, le clonage animal à but alimentaire ne se pratique qu'au Danemark, tandis que la viande de clones n'est pas destinée à la consommation au vu de son prix très élevé. Mais les embryons et semences de ces spécimens sont commercialisés et exportés, et l'UE importe chaque année entre 300.000 et 500.000 tonnes de viande bovine issue du clonage aux Etats-Unis et en Argentine.
Vouloir imposer à ses partenaires une traçabilité de ces produits risquerait, selon la Commission, de mener à une guerre commerciale similaire à celle provoquée jadis par l'interdiction du bœuf aux hormones américain.