Deux rapports divulgués mardi pointent les « anomalies » dans la gestion par le ministère de l'Agriculture de l'époque, du dossier du chlordécone, un pesticide cancérigène interdit bien plus tard, aussi bien aux Antilles qu'aux Etats-Unis et en France métropolitaine.
Dans un rapport finalisé en juin et rendu public mardi par le quotidien Le Monde, l'Inra « met en évidence de véritables anomalies dans le cadre d'une approche de prévention » et dans la gestion du dossier du chlordécone par le ministère de l'Agriculture.
Il met également en relief « l'influence des intérêts économiques » pour expliquer la lenteur de la prise de décision d'interdire le chlordécone, un pesticide qui se fixe dans les sols pour de nombreuses années.
Dans un autre rapport jamais divulgué rédigé en décembre 2009 par l'ancienne Afsset (Agence de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail), celle-ci souligne le poids économique de la culture de la banane dans la gestion du dossier du chlordécone.
« Face à la défense de l'industrie bananière française, on peut émettre l'hypothèse que l'impact de l'utilisation de produits phytosanitaires sur l'environnement et la santé ait été secondaire dans les préoccupations des autorités politiques », écrit cette agence, aujourd'hui intégrée dans l'Anses.
Contacté mardi en fin d'après-midi, le ministère de l'Agriculture n'avait pas réagi.
Ces deux rapports devaient être publiés mardi soir sur le site www.chlordecone-infos.fr qui dépend de l'Anses, l'agence issue de la fusion de l'Afssa (sécurité sanitaire des aliments) et de l'Afsset.
Interdit aux Etats-Unis en 1976, le chlordécone ne l'a été qu'en 1990 en France métropolitaine et seulement en 1993 aux Antilles, où il était largement utilisé dans les bananeraies.