La pollution provoquée par l'agriculture est un facteur d'inquiétude, a estimé mardi le gouvernement chinois à l'occasion de la publication de la première étude sur les sources de dégradation environnementale.
« Il y a des problèmes importants identifiés par ce recensement national, comme la forte contribution de l'agriculture à la pollution de l'eau », a déclaré le Conseil d'Etat (gouvernement) dans un communiqué.
L'industrialisation rapide de la Chine ces trente dernières années s'est soldée par une dégradation de l'environnement, en particulier de l'eau et de l'air, et le pays est désormais l'un des premiers pollueurs de la planète.
Mais l'étude publiée le 6 février relève que le monde agricole, avec ses 800 millions de ruraux, a aussi sa part de responsabilité.
« Nous devons faire de la prévention et du contrôle de la pollution d'origine agricole une de nos priorités en matière de protection de l'environnement afin de résoudre à la racine le problème de la pollution de l'eau en Chine », a déclaré Zhang Lijun, vice-ministre de l'Environnement.
Selon le recensement, basé sur des données recueillies en 2007, près de la moitié de la quantité de DCO (demande chimique en oxygène) - utilisée pour mesurer le degré de pollution des eaux usées - provient de l'agriculture à 43,7 %.
La Chine a investi des milliards de dollars pour dépolluer ses fleuves, rivières et lacs. Selon des données officielles, plus de 200 millions de Chinois n'ont pas accès à une eau potable saine. Pour Greenpeace Chine, le recensement montre que la pollution agricole constitue l'« une des crises environnementales les plus graves ».
« La Chine doit renforcer sa lutte contre l'utilisation massive d'engrais et de pesticides et promouvoir l'agriculture biologique », a déclaré un de ses membres Sze Pang Cheung.
Selon l'agence CRI qui a publié l'information sur son site internet mardi, en abordant les émissions des matières polluantes provenant des activités agricoles, un responsable du ministère de l'Agriculture, Wang Yanliang, a indiqué que l'aménagement des sources de pollution agricoles a obtenu, ces dernières années, des résultats satisfaisants. Et ce, notamment, grâce à la généralisation en milieu rural de l'utilisation des déchets organiques pour produire du biogaz (méthane) et grâce à la mise en oeuvre du projet dit « Pour la propreté dans les campagnes ».
« Fin 2008, nous avions construit 30,5 millions de digesteurs familiaux », a dit Wang, ajoutant que les autorités devraient soutenir ce genre de projets dans les zones rurales et inciter financièrement les paysans à utiliser les énergies renouvelables.
Selon le responsable chinois, rapporte CRI, 35 millions de foyers paysans ont vu construire chez eux des réservoirs de méthane. En outre, 2.700 puits générateurs de méthane de grande et de moyenne taille ont été construits dans des fermes d'élevage de bestiaux ou de volailles. Ainsi, énormément d'excréments humains et animaux ainsi que d'autres matières polluantes ont été traités et absorbés.
« Nous poursuivons à une vaste échelle le traitement des excréments animaux en les transformant en des ressources utilisables et pour prévenir la pollution liée à l'élevage, a précisé Wang Yanliang. Nous nous efforcerons de changer les modes de production et de vie, de contrôler la pollution provoquée par les déchets en milieu rural, d'accroître l'efficience de l'utilisation des engrais chimiques et des insecticides, sans négliger la prévention de la pollution provoquée par la dispersion des substances nocives », a souligné le responsable chinois.