Les marchés des céréales et des oléagineux sont actuellement « sur le fil du rasoir », ont convenu les auteurs du rapport Cyclope 2011, mardi à Paris.
« Ce n'est pas fichu mais nous sommes sur le fil du rasoir », estime François Luguenot, analyste de marché chez InVivo, qui a rédigé le chapitre sur les céréales et les oléoprotéagineux.
Selon lui, s'il n'y a « pas de risque de pénurie » de grains cette année, les stocks vont nécessairement diminuer étant donné « le grand nombre d'incertitudes » climatiques accumulées à travers le monde : sécheresse dans le nord-ouest de l'Europe, une partie des Etats-Unis et de la Chine, excès de précipitations dans d'autres zones des Etats-Unis qui perturbe les semis de printemps... En résumé, « on peut (encore) avoir une situation confortable mais cela peut aussi partir en vrille très vite ».
Au-delà des péripéties climatiques du moment, « nous payons vingt ans d'absence d'investissement » productif dans l'agriculture, mais aussi l'énergie, les minerais ou les métaux, analyse Philippe Chalmin, professeur à l'université Paris-Dauphine, qui coordonne depuis vingt-cinq ans le rapport Cyclope.
« Jamais le monde n'a été aussi instable : taux de change, commodités... » Sous l'effet de la mondialisation, « toutes les barrières ont sauté ». « Au-delà du tam-tam spéculatif, le monde a faim et les tensions sur les produits agricoles sont devant nous », estime encore Philippe Chalmin.
Jean-Paul Simier (Agence économique de Bretagne), qui a rédigé le chapitre sur les viandes, explique pour sa part que le doublement de la production mondiale de viandes depuis vingt-cinq ans est très largement « insoutenable » au regard des « tensions énormes » occasionnées sur le marché des grains pour nourrir les volailles et les porcs.
Alors que le G20 doit se pencher, les 22 et 23 juin 2011, sur la volatilité des produits agricoles, Philippe Chalmin formule – sans trop d'illusions – plusieurs propositions : créer un fonds de financement des politiques agricoles qui soutienne une relance de l'investissement productif dans les pays en développement, mettre en place une « agence d'information » qui fasse progresser la météo et la statistique agricoles, revenir à plus de « régulation agricole » en Europe. L'historien-économiste ne croit pas à une quelconque utilité des « outils de marché » dans les pays en développement, estimant que « c'est de la foutaise ».
Le rapport Cyclope sur « Les marchés mondiaux » (740 pages, 125 euros, Editions Economica), édité depuis 1986, est sous-titré cette année : « Le printemps des peuples et la malédiction des matières premières ».
trop de viande a nourrir
mercredi 18 mai 2011 - 10h57
Alors que l on ne cesse de dire qu'il faut manger moins de viande et que la production de viande consomme trop de céréales ; paradoxalement , Bruxelles , nous oblige a faire le contraire. C'est-à-dire non retournement des pâtures ; donc obligation de faire de la viande.