Une réunion d'information, organisée mercredi par France Export Céréales, a permis de rappeler que rien n'était écrit d'avance pour les exportations françaises de blé.
François Gatel, directeur de France Export Céréales, a fait part de la chute des exportations françaises vers l'UE depuis les années 2000 (-33 %), certes compensée par un fort développement des ventes vers les pays tiers depuis la campagne 2008-09, avec une moyenne de 9,8 millions de tonnes (Mt) depuis cette campagne, contre 7 Mt auparavant.
Cependant, le débouché des pays tiers est fragile, pour au moins deux raisons. D'abord, il est très concentré. L'Algérie représente à elle seule 40 % des ventes aux pays tiers, l'Afrique de l'Ouest 25 % et le Maroc 18 %. Ensuite, parce que la France est fortement concurrencée par les pays de la mer Noire (Russie et Ukraine) chez ses clients traditionnels (Algérie, Maroc, Afrique de l'Ouest) et occasionnels (Yémen, Egypte).
C'est le cas du Maroc qui, en année normale, s'approvisionne pour 45 % de ses besoins auprès de l'origine française, mais qui, sur la campagne en cours, a préféré s'orienter vers des blés ukrainiens, proposés entre 10 et 20 $/t moins chers au début de la campagne.
Des échantillons prélevés sur dix bateaux français et dix bateaux ukrainiens, par l'antenne de France Export Céréales à Casablanca, ont par ailleurs démontré que la qualité française n'était pas au rendez-vous (moyenne des taux de protéine du blé français à 10,57, contre 12,32 pour l'origine ukrainienne).
Jean-Pierre Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales, estime que « les débouchés des blés français ont principalement progressé vers les pays tiers et que c'est vers eux que la filière céréalière doit concentrer ses efforts ». « Nos principaux clients des pays tiers ne doivent pas être vus comme une variable d'ajustement de notre marché intérieur », a-t-il insisté.
« Les blés exportés vers les pays tiers sont presque exclusivement destinés à la meunerie. Il faut donc faire évoluer nos critères qualitatifs aux besoins de nos clients des pays tiers (qui ont des exigences différentes de celles des meuniers français), au risque de perdre de nombreuses parts de marché. »