La présence de blé transgénique de Monsanto aux Etats-Unis restait inexpliquée, mercredi, mais le groupe américain reconnaît tester de nouvelles semences de blé OGM, huit ans après y avoir renoncé vu le tollé dans l'opinion publique.
Ni les autorités américaines, ni Monsanto, ne donnent d'explication précise à ce jour pour justifier comment du blé OGM résistant à l'herbicide Roundup du groupe (le glyphosate) a pu se retrouver dans un champ de l'Oregon, comme le ministère de l'Agriculture (USDA) l'a dévoilé le 29 mai.
Le groupe, qui a arrêté les essais en plein champ dans l'Oregon en 2001 sur ce blé OGM, le Mon 71800, n'exclut pour l'instant « aucune piste », « un accident ou un acte intentionnel », a expliqué Robb Fraley, directeur technologique du groupe lors d'une conférence téléphonique, le mercredi 4 juin 2013.
Il n'y a aucune semence de blé transgénique autorisée à l'heure actuelle dans le monde. Monsanto avait arrêté, en 2005, un programme de développement de blé OGM résistant à son herbicide Roundup (glyphosate), face au rejet du secteur, et aux réactions négatives des organisations de consommateurs et des groupes de défense de l'environnement.
Toutes les graines de l'OGM de première génération testées jusqu'en 2005 ont été soit détruites, soit expédiées au centre de stockage du ministère de l'Agriculture (USDA), a affirmé M. Fraley.
Bill Freese, de l'association anti-OGM Center for Food Safety (CFS), réfute les arguments de Monsanto. « Je ne vois aucune preuve qu'il s'agisse de sabotage », a-t-il déclaré, estimant que le groupe essaie de « se défausser sur d'autres que lui » pour expliquer la présence de blé transgénique non homologué. Il affirme que le groupe de Saint Louis (Missouri) a cultivé du blé transgénique de 1998 à 2005 dans 17 Etats américains et que, contrairement à ce que dit Monsanto, il n'est pas impossible que le blé en Oregon provienne des cultures de cette époque.
Pour leur part, les dirigeants de Monsanto affirment que les graines de blé ne peuvent pas survivre dans « un climat difficile comme celui de l'Oregon » plus de deux ans. Ils ajoutent que le pollen de blé « ne se déplace pas de plus de 9 mètres de sa source », ce que dément Bill Freese : « Dans certaines conditions, la pollinisation du blé s'est vue à 2,75 kilomètres » de l'origine d'un semis. Il souligne aussi qu'il est très difficile d'éviter les dispersions de semis : « Il reste toujours des graines dans le sol d'un champ », qui germent une saison plus tard et « se mêlent alors à des semences conventionnelles ». Il arrive aussi que des semences « tombent des camions » qui les transportent, remarque-t-il.
Les dirigeants de Monsanto ont indiqué, mercredi, que le groupe avait relancé en 2009 ses efforts pour développer de nouvelles semences de blé OGM, « à la demande des producteurs de blé ».
Mercredi, la directrice de la recherche sur le blé de Monsanto, Claire Cajacob, a en effet souligné que « de nouveaux tests [avaient] redémarré en 2011 » dans des champs du Dakota du Nord et qu'ils portaient sur la variété de blé de printemps. Les recherches sur ces semences de blé OGM de deuxième génération se focalisent sur la résistance à la sécheresse ainsi qu'à l'action de multiples désherbants, et pas seulement au Roundup.
Le CFS appelle à suspendre les essais en cours tant que toute la lumière n'aura pas été faite sur le blé OGM trouvé dans l'Oregon, d'autant que les essais dans le Dakota du Nord « portent sur 120 hectares et sont très substantiels », ce qui rend « très difficile » d'éviter la pollinisation de champs voisins, explique Bill Freese.
Un porte-parole de Monsanto a précisé qu'il faudrait « au moins dix ans » avant qu'un blé OGM puisse être commercialisé.