« A 2 Mt d'orge utilisée en France en alimentation animale en 2010-2011, on avait quasiment touché le plafond technique d'incorporation (au-delà duquel les performances zootechniques s'en seraient trouvées amoindries, ndlr), aux dires de certains fabricants », a rappelé Michel Ferret, chef du service des marchés de FranceAgriMer, le 12 octobre, lors du conseil spécialisé des grandes cultures.
Mais cette année, la donne est bien différente. Les stocks d'orge ont littéralement fondu et il ne reste plus de stocks publics. Déjà, les cours de l'orge fourragère ont dépassé ceux du blé tendre. La demande intérieure est au point mort, il n'y a guère plus que quelques pays tiers (hors UE), Arabie Saoudite, Jordanie, ou Tunisie pour rester acheteurs. Les utilisations françaises pour l'élevage s'affaisseraient d'ailleurs à 1,2 Mt durant la campagne 2011-2012, selon FranceAgriMer. Une estimation réduite de 100.000 t par rapport au mois dernier. Les fabricants devront donc trouver un substitut.
Blé ou maïs ? Tout dépendra des écarts de prix entre les deux céréales. Lors de son conseil spécialisé, FranceAgriMer a relevé de 300.000 t à 3,2 Mt, les prévisions d'utilisation de maïs en alimentation animale. Car dans l'Union européenne, la récolte est excellente, à un niveau de 62-63 Mt, soit 11 % de plus qu'en 2010 (56 Mt).
Aussi, l'Ukraine disposerait de 8 à10 Mt de maïs fourrager pour l'exportation. On s'attend à des exportations vers le pourtour mediterranéen ou le Moyen-Orient. « Le pays pourrait en partie suppléer au retrait des exportations américaines », note Michel Ferret. Cet exportateur, proche de la zone française de commerce, pourrait faire tampon face aux difficultés d'approvisionnement qui devraient avoir lieu ailleurs dans le monde.
Mais même si les cours du maïs sont redescendus au début de la semaine 37 en dessous de ceux du blé sur les marchés à terme européens, échéance novembre, les fabricants vont devoir incorporer plus de blé que l'an dernier. Celui-ci avait pu être délaissé en 2010-2011, alors que la céréale prenait le chemin plus rémunérateur de l'exportation. FranceAgriMer prévoit ainsi 5,4 Mt d'utilisation de blé dans le secteur, un niveau revu à la baisse de 200.000 t par rapport au mois dernier, mais qui reste de 27 % surpérieur à celui de l'an passé et comparable à celui de la campagne 2009-2010.
Visionnez l'intervention de Michel Ferret.