La Fédération nationale de l'artisanat automobile (FNAA) et l'Association des maires ruraux de France (AMRF) tirent la sonnette d'alarme sur la disparition des stations-service indépendantes qui risque de remettre en cause, à court terme, le maillage du territoire de la distribution des carburants.
Selon la FNAA, plus de 1.600 détaillants de vente de carburant sont menacés de fermeture d'ici à la fin de 2013. Pourtant, la densité de stations-service est France est déjà la plus faible d'Europe, avec 2,5 points de vente pour 100 km², contre 3,1 en moyenne dans l'Union européenne et 4,3 en Allemagne. La situation est déjà difficile dans certaines régions rurales puisque la FNAA a recensé sept départements dans lesquels 20 à 38 minutes de trajet sont nécessaires pour trouver une station-service et 31 autres départements où il faut compter entre 15 et 20 minutes pour s'approvisionner en carburant. Un quart de la population française parcourt 5,2 kilomètres en moyenne pour trouver une station. Une situation qui risque de s'aggraver avec la fermeture programmée des 1.600 stations indépendantes, situées pour une grande partie en zone rurale. L'administration a d'ores et déjà identifié 871 stations dites « clé », c'est-à-dire des stations-service ultimes avant désertification. Ces stations, dont certaines appartiennent à des grandes surfaces, desservent près de 4 millions d'habitants.
Les causes de cette désertification sont d'abord à chercher du côté de la concurrence des GMS (grandes et moyennes surfaces) et de la fin de la réglementation des prix. Considérant le carburant comme un produit d'appel, les grandes surfaces réalisent une marge minimale, entre 0,2 et 1 centime par litre. Chez les propriétaires-exploitants des petites stations, elle est comprise entre 0,8 et 2 centimes par litre. Les marges des pétroliers se situent entre les deux. René Carbonnel, président de la branche des carburants de la FNAA et distributeur dans l'Aude, rappelle que cette politique du prix le plus bas n'est pas dans l'intérêt du consommateur à long terme « car, lorsqu'il n'y a plus de concurrence autour d'une GMS, l'expérience montre que cette dernière pratique des prix nettement moins attractifs ». L'arrivée de stations « fantômes » (entièrement automatisées) dans les réseaux des pétroliers augmente la pression sur les indépendants.
En plus de la concurrence, les stations-service doivent faire face aux différentes mises aux normes environnementales, dont la mise en place des cuves à double paroi pour le 31 décembre 2013. Une exigence à laquelle bon nombre de petites stations-service ne sont pas dans la capacité financière de répondre. La FNAA attend des pouvoirs publics une tolérance et un échelonnement des mises aux normes pour les entreprises en attente de subventions de la part du CPDC (Comité professionnel de la distribution des carburants). « Mais, sur ce point, le ministère du développement durable et Bercy ont des opinions divergentes. Ce sera donc à Matignon de trancher », précise René Carbonnel.
Dans le cadre de son contrat d'évenir, qui sera présenté à l'Elysée le 4 juin, la FNAA demande, en plus de l'échelonnement des mises aux normes environnementales, la mise en place d'un dispositif exceptionnel pour les stations clés, avec une prime de service public de proximité, des allègements fiscaux et des aides à la diversification. L'allègement des frais bancaires sur les paiements par cartes de crédit (actuellement de 0,7 à 1 % sur les cartes nationales et de 1,5 % sur les cartes étrangères) est une autre piste à étudier pour soulager les trésoreries.