Suppression définitive de l'écotaxe, réunification de la Bretagne historique, relocalisation des décisions... Les Bonnets rouges ont présenté, samedi à Morlaix (Finistère), onze revendications pour sortir la Bretagne de la crise, demandant à François Hollande de venir dans la région les entendre.
« On n'ira pas à Paris, le président de la République doit venir rencontrer le collectif et écouter nos revendications en Bretagne », a lancé Thierry Merret, un des porte-parole du collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », à l'origine du mouvement des Bonnets rouges, composé de chefs d'entreprise, agriculteurs, pêcheurs, transporteurs, acteurs culturels et politiques bretons...
Thierry Merret, par ailleurs président de la FDSEA du Finistère, s'exprimait devant plus de 3.000 personnes réunies dans une vaste salle à l'occasion des premiers états-généraux de Bretagne organisés par le mouvement dans la ville de l'actuelle ministre de la Fonction publique et de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, qui en a été députée-maire.
« S'il n'y a pas de réaction de la part du gouvernement, du président de la République, il est évident qu'il y aura un printemps des Bonnets rouges, qui sera beaucoup plus radical » que l'automne, lorsque le mouvement avait rassemblé des milliers de personnes dans le Finistère, à Quimper, puis à Carhaix. « On se battra jusqu'au bout, on ne lâchera rien », a-t-il insisté, après l'énumération par les différents porte-parole du collectif des onze revendications issues des quelque 15.000 doléances provenant de la cinquantaine de comités locaux qui se sont créés au cours des derniers mois.
Outre les quatre revendications fondatrices du mouvement – la suppression définitive de l'écotaxe, la fin du dumping social et de « l'avalanche de normes et contraintes administratives », ainsi que la relocalisation des décisions dans la région –, les Bonnets rouges réclament désormais la réunification de la Bretagne historique à cinq départements, incluant donc la Loire-Atlantique, le développement des infrastructures et des énergies renouvelables ou encore l'officialisation de la langue et de la culture bretonnes notamment.
« Faire bouger la Bretagne »
« Nous sommes là pour faire bouger la Bretagne, tous ensemble », a lancé pour sa part Christian Troadec, autre leader du mouvement, avant d'être interrompu par les applaudissements des centaines de personnes présentes, coiffées pour la plupart d'un bonnet rouge et tenant pour certains un drapeau breton à la main.
« Nous avons réussi déjà à faire reculer le gouvernement », a ajouté le maire DVG de Carhaix. « Demain, s'il le faut, il y aura 50.000 personnes dans la rue », a-t-il assuré à des journalistes.
« C'est une vraie démocratie qui est en train de se mettre en place en Bretagne au nom des populations qui y habitent », s'est félicité M. Troadec avant le début de la réunion festive, entre prises de parole, projections des moments forts du mouvement et chants bretons, avec la présence notamment sur scène des frères Morvan, une institution dans la région.
« Ces premiers états-généraux vont être un grand moment pour l'histoire de la Bretagne », a assuré en outre M. Troadec, se réjouissant de leur « succès ».
Ici, se produit « l'inverse de ce que l'État jacobin [...] nous a imposé, un pacte soi-disant d'avenir que, nous, on considère comme un pacte de recul, qui n'est que du recyclage et de l'enfumage imposé de Paris », a expliqué M. Merret : « Ici, ce sont les Bretonnes et les Bretons qui s'expriment. »
Après la flambée de colère provoquée par l'annonce de la mise en place de l'écotaxe, sur fond de crise sociale et économique, le mouvement avait rejeté le pacte d'avenir élaboré à l'initiative du gouvernement pour relancer l'économie bretonne.
Fort du succès remporté cet automne, le mouvement, qui s'inspire de la révolte antifiscale du XVIIe siècle en Bretagne, souhaite s'affirmer comme force de propositions, après avoir démontré sa capacité à rassembler.
Plus d'une dizaine de portiques écotaxe, mesure suspendue en octobre par le gouvernement sous la pression des Bonnets rouges, ont été détériorés ou détruits au cours des derniers mois dans l'Ouest.
Ces premiers états-généraux de Bretagne, qui sont appelés à se renouveler chaque année, ont pris fin vers 18h00 samedi après un fest-noz, fête traditionnelle bretonne.
A télécharger :
- les tableaux de l'agriculture bretonne (Draaf, 11 mars 2014)
- le Pacte d'avenir pour la Bretagne (13 décembre 2013)