Des représentants agricoles des Côtes-d'Armor ont mis en doute, jeudi, l'existence d'un lien entre les algues vertes et la mort de 36 sangliers en juillet dans l'estuaire du Gouessant, dénonçant une « manipulation » de la part des défenseurs de l'environnement.
« Les premiers résultats d'analyses ne permettent pas d'affirmer très concrètement que ce sont le H2S (hydrogène sulfuré) et les algues vertes (qui sont responsables). Il y a manipulation, nous tenons à la dénoncer », a déclaré le président de la Chambre départementale d'agriculture, Olivier Allain.
« Des algues vertes, il y en a depuis 40 ans. Là, ça ressemble tellement à un empoisonnement: quand les animaux sont empoisonnés, ils cherchent à s'abreuver et ils finissent là », sur la plage, a-t-il ajouté lors d'un point presse à Morieux, l'une des communes concernées.
Les analyses de six sangliers morts ont mis en évidence chez cinq d'entre eux la présence d'hydrogène sulfuré (H2S), un gaz mortel dégagé par la putréfaction des algues.
La préfecture des Côtes-d'Armor a annoncé jeudi ne pas compter procéder à de nouvelles recherches de H2S, jugeant l'échantillon « suffisant », mais n'a pas établi de lien de causalité formel entre la présence de gaz et les décès.
Pour le docteur Claude Lesné, ancien chercheur au CNRS, spécialiste de la toxicité des polluants aériens, le lien de cause à effet ne fait cependant aucun doute, tout comme pour les militants écologistes qui dénoncent les rejets azotés agricoles qui favorisent la prolifération des algues.
Mais selon Olivier Allain, « les agriculteurs ont obtenu déjà des résultats en termes de baisse des taux de nitrates et ils adhèrent au plan algues vertes » initié l'an passé par le gouvernement.
« Mettre encore les algues vertes et derrière ça le monde de l'élevage au banc des accusés c'est un peu de trop », a-t-il déclaré.
La candidate EELV (Europe écologie - Les Verts) à la présidentielle, Eva Joly, doit se rendre vendredi matin dans les Côtes-d'Armor pour s'exprimer sur le sujet, a annoncé le parti écologiste jeudi.
Lire également:
Algues vertes : l'hécatombe soudaine de sangliers a relancé la polémique