Des voix se sont élevées, mardi à la conférence de l'ONU (*) sur la biodiversité à Hyderabad (Inde), pour réclamer les engagements financiers qui permettront réellement d'endiguer la disparition des espèces.
« Nous devons travailler ensemble et agir avant la catastrophe », a lancé le Premier ministre indien, Manmohan Singh, aux représentants des quelque 180 pays présents à la 11e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CDB).
A Hyderabad, où les discussions devaient entrer dans le vif du sujet mercredi avec la présence attendue de plus de 70 ministres, « la question cruciale est réellement de mobiliser les indispensables ressources financières, techniques et humaines », a-t-il ajouté.
A Nagoya (Japon), en 2010, les 193 pays membres de la convention avaient adopté vingt objectifs pour 2020, pour réduire la surpêche ou multiplier les aires protégées sur terre ou en mer. Mais ils avaient reporté la question centrale des financements permettant d'atteindre ces objectifs.
Les financements publics et de mécénat en faveur de la biodiversité sont actuellement estimés entre 6 et 8 milliards de dollars par an. Il faudrait des financements annuels « trois à huit fois » plus importants pour atteindre les 20 objectifs, prévient Romain Pirard, économiste à l'Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales), s'appuyant sur une expertise réalisée pour le Fonds pour l'environnement mondial (FEM).
« J'exhorte les pays à adopter des mesures, des engagements et des objectifs de mobilisation des ressources, même sur une base provisoire, afin d'insuffler de la confiance et de générer un élan », a lancé pour sa part la ministre indienne de l'Environnement, Jayanthi Natarajan. En guise de signal, le gouvernement indien s'est engagé sur une enveloppe de 50 millions de dollars (environ 39 millions d'euros) pour renforcer les actions en faveur de la protection de la biodiversité dans ce pays émergent.
« C'est maintenant aux autres pays de prendre des engagements similaires et de montrer à quel point ils sont sérieux au sujet de la protection de la planète », a réagi, dans un communiqué, Lasse Gustavsson, responsable de la conservation au WWF.
« Ce qu'on nous demande maintenant, c'est d'agir », a renchéri le ministre japonais de l'Environnement, Hiroyuki Nagahama.
Pour autant, à trois jours de la fin de cette réunion qui a démarré le 8 octobre, « la situation est toujours bloquée sur les financements », a indiqué la députée européenne écologiste (Les Verts) Sandrine Bélier, l'une des trois représentantes du Parlement européen à Hyderabad. « L'Union européenne ne parvient pas à avoir une position commune, donc elle est silencieuse », a-t-elle regretté.
« Evidemment, dans une certaine mesure, la crise financière dans beaucoup des pays traditionnellement donateurs a un impact » sur les discussions, a souligné le directeur général du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Achim Steiner.
Mais un rapport publié à Hyderabad est venu rappeler la vitesse de la disparition des espaces naturels : 50 % des zones humides (marais, mares, tourbières) mondiales ont été détruits depuis un siècle, selon cette étude réalisée par le projet de recherche international TEEB.
Cette destruction rapide, principalement due à l'homme, a des conséquences directes, ces milieux humides fournissant de l'eau potable, de l'irrigation pour l'agriculture et une protection contre les inondations, souligne cette étude. « Nos choix sont biaisés depuis longtemps en ne reconnaissant pas la valeur que la nature a pour nos sociétés, nos économies et nos communautés chaque jour », a souligné M. Steiner.
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(*) Organisation des Nations unies.