« Les projets d'éthanol de deuxième génération décollent dans le monde mais il faudrait aussi qu'ils décollent en Europe, a estimé Pierre Porot, directeur du programme sur les biocarburants de l'IFP Energies nouvelles (ex-Institut français du pétrole), lors d'une conférence de presse le mardi 11 juin 2013. Nous ne sommes pas en retard, mais pas en avance non plus. »
Si, aux Etats-Unis, les usines de biocarburants de deuxième génération (G2, issus de biomasse lignocellulosique) se développent, c'est d'une part grâce à un cadre réglementaire plus stable qu'en Europe avec des approvisionnements contractualisés, et d'autre part, grâce aux Américains eux-mêmes qui « osent prendre davantage de risques », précise Pierre Porot.
En Europe, des objectifs précis concernant les biocarburants à l'horizon de 2030 devraient être précisés en 2014, de quoi donner de la visibilité aux industriels. Les investissements européens sont aujourd'hui en effet freinés par le débat sur les changements d'affectation des sols. « Pour le moment, cet impact est difficile à considérer car il n'y a pas de consensus scientifique sur la méthode d'évaluation des émissions liées aux changements d'affectation des sols », estime Pierre Porot. En Europe, seule une unité industrielle de biocarburants de G2 fonctionne en Italie à base, notamment, de canne de Provence.
Si beaucoup d'espoirs sont fondés sur la G2, c'est parce que, par rapport à la G1, le coût de de la biomasse devrait être plus faible compte tenu du gisement espéré plus important. Par ailleurs, moins d'intrants et d'énergie sont nécessaires à ces cultures. En revanche, les ressources en G2 sont en compétition avec d'autres usages tels que les matériaux, la chimie, et surtout la chaleur et l'électricité.