Coop de France a présenté mardi son « livre blanc » pour « moderniser notre agriculture » face à la « gravité de sa situation ». Les entreprises coopératives agricoles françaises, présentent dix propositions pour mettre en place une nouvelle politique agricole.
Coop de France, en quatre volets, met en perspective dans ses propositions :
- les « enjeux géostratégiques de l’alimentation mondiale »,
- les « axes incontournables de la refondation de la Pac et de la stimulation concurrentielle à l’international »,
- les « leviers d’organisation économique à intégrer dans la prochaine loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche »,
- et l’intérêt d’une écologie rationnelle, performante et innovante en agriculture.
Sur le plan international, Coop de France demande la suspension de l’orientation « tout libéral » de la négociation du cycle de Doha, débutée en 2001. « Le défi alimentaire lancé à la planète doit être posé dans des instances internationales, en phase avec les évolutions économiques et sociales internationales (G8, G20, ONU) et déboucher sur des préconisations tangibles », revendiquent les coopératives.
Coop de France propose qu’en 2011, à l’occasion de la présidence française du G20, soit instauré un niveau de stock mondial minimal pour réguler les marchés et les prix, et pour repousser la spéculation sur les matières premières agricoles.
Au niveau communautaire, les coopératives agricoles attendent que la Pac de 2013 clarifie la légitimité des aides et la régulation des marchés. Elles souhaitent notamment que soit prévu au niveau communautaire, en plus d'un stock tampon internationnal en céréales et oléoprotéagineux, un stockage public et privé en cas de crises de surproduction et de bas prix, complété par un mécanisme de coresponsabilité (de type fonds mutualisé d’indemnisation), voire assuranciel, pour les crises sanitaires, climatiques et économiques sectorielles.
La structuration des filières et l’organisation des producteurs devra nécessairement s'ajouter à ces mécanismes pour parvenir à la régulation des marchés.
Les organisations de producteurs françaises vont donc devoir commencer par faire le ménage chez elles, a précisé Philippe Mangin, président de Coop de France. Et la LMA devra les y aider alors que le projet actuel qui va être soumis au vote des parlementaires dès le 18 mai 2010 « ne tranche pas sur ce sujet » et ne le fera qu'en 2012, a regretté Philippe Mangin. En tout état de cause, selon lui, « les organisations de producteurs non commerciales telles les syndicats, qui n'ont aucun effet sur la structuration des filières », ne sont pas compatibles avec les activités des coopératives.
En outre, Coop de France dit « trois fois “oui” à la contractualisation », afin d'aboutir à la transparence des filières et obliger les producteurs à se « rapprocher des signaux du marché ». Le cadre contractuel doit se définir dans les interprofessions avant d'être validé par les pouvoirs publics et officialisé par décret, a expliqué P. Mangin. « Cette modification a déjà été acceptée par le Sénat », révèle P. Mangin, qui souhaiterait également que la distribution soit intégrée selon les dossiers aux interprofessions.
Le dernier volet aborde la nécessité de revenir à une écologie « rationnelle, fondée sur la recherche et l'innovation ». En particulier, la Pac par ses aides doit constituer un « levier pour une agriculture écologiquement intensive », telle que définit récemment par l'agronome Michel Griffon.