La Fédération française des apiculteurs professionnels (FFAP) a dressé, mercredi en assemblée générale, un état des lieux dramatique de la situation des abeilles, dont la surmortalité continue d'augmenter, épinglant les pesticides comme l'une des causes majeures de leur disparition.
« Il y a une véritable urgence à stopper l'hémorragie des abeilles. Notre métier est menacé. Nous connaissons des exploitations où la mortalité a augmenté de 50 % d'un hiver à l'autre », a souligné Yvan Goutequillet, porte-parole national de la FFAP et apiculteur en Auvergne, à l'occasion de l'assemblée générale annuelle réunie à Saint-Donat-sur-l'Herbasse (Drôme). La profession estime que le taux de mortalité des abeilles est passé de 5 % dans les années 1990 à 30 % aujourd'hui.
La Commission européenne a proposé, à compter de décembre 2013, et pour deux ans, d'interdire pour quatre grandes cultures (maïs, colza, tournesol et coton) trois molécules néonicotinoïdes, utilisées dans des pesticides accusés de contribuer à la forte mortalité des abeilles enregistrée ces dernières années.
Sur le terrain, la situation demeure « très difficile », ont relevé plusieurs apiculteurs de la FFAP. « En 2010, j'ai perdu 80 % de mon cheptel, à cause de mauvaises pratiques agricoles : des pesticides avaient été utilisés dans des champs pendant la montée du nectar », a souligné Patrice, apiculteur depuis trente ans en Franche-Comté.
Nicolas Guintini, apiculteur dans l'Isère et coprésident de l'Adara (Association pour le développement de l'apiculture dans le Rhône-Alpes), a déploré « ces cocktails de fongicides et pesticides » qui peuvent intoxiquer jusqu'à deux tiers des ruches, selon lui. Dans ces cas d'intoxications, a-t-il souligné, les abeilles souffrent de plusieurs maux, dont la désorientation, les chocs thermiques, la paralysie, la mort. « J'ai souscrit une assurance ruche mais cela ne couvre pas la perte du chiffre d'affaires », a ajouté l'apiculteur, soulignant qu'une ruche produisant par exemple de la gelée royale est estimée à 1.000 euros.