La justice se penche une nouvelle fois mardi à Coutances (Manche) sur le sort des abattoirs en difficulté AIM dont la liquidation devrait entraîner la suppression d'au moins 300 emplois sur 590 en France.
En redressement judiciaire depuis le 6 janvier, la société ne fait l'objet que de deux offres. L'une a été examinée par le tribunal de commerce de Coutances le 19 mars. Le breton Chapin-Monfort (holding Les Rosaires) propose de reprendre 70 des 179 salariés d'Antrain (Ille-et-Vilaine). Et cette entreprise de viande, qui emploie environ 220 personnes, propose en outre à 41 autres AIM des postes sur ses sites de Rennes. Le tribunal doit se prononcer mardi après-midi sur cette offre, selon l'avocate des salariés, Élise Brand.
La seconde offre doit être déposée avant lundi soir pour être examinée mardi matin par le tribunal. Il s'agit d'un projet de société par actions simplifiée (SAS) détenue majoritairement par les salariés. Celle-ci reprendrait 206 des 357 salariés de Sainte-Cécile (Manche), siège et abattoir principal d'AIM. Le projet repose notamment sur un prêt de 2,5 millions d'euros de l'État via la Banque publique d'investissement (BEI).
L'Etat, la Région et le département mettent au pot
Cette garantie a été obtenue samedi en fin de journée après 48 heures de négociations quasi continues et très tendues entre l'État, les collectivités locales et des salariés à bout de nerfs. Ces derniers avaient appris dans la nuit précédente une audience vendredi que l'État n'avait pas encore pas donné son feu vert.
Une société d'économie mixte créée par le département de la Manche et la Région Basse-Normandie a en outre mis deux millions d'euros sur la table et elle a embauché, à la mi-mars, un juge du tribunal de commerce de Dieppe, Serge Renaudin, pour aider les salariés à monter la SAS. « Si on a les 2,5 millions de l'État et si j'ai le soutien des salariés, le projet est viable », a estimé vendredi M. Renaudin qui serait provisoirement directeur de la SAS, même s'il va falloir « reconquérir les clients ». Selon Me Brand, le tribunal pourrait se prononcer mardi après-midi sur la SAS.
AIM est l'un des derniers abattoirs indépendants de la grande distribution en France. Créée en 1956 et rachetée en 2003 par Cap 50, l'entreprise est détenue à 64 % par la coopérative et à 34 % par le groupe d'aliments pour bétail JDIS. Elle a réalisé un chiffre d'affaires de 246,7 millions d'euros en 2013. La société possède aussi des antennes à Dangy, Saint-Lô (Manche), Bernay (Eure) et Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).